Comme la sève de l'arbre lui parvient des racines, nous venons puiser ici la force, l'inspiration, à la source même où une noble idée a jailli, au berceau où naquit et grandit la Croix-Rouge.

Le sujet que j'ai été invitée à traiter est l'un de ceux qui préoccupe depuis de longues années les milieux infirmiers aux Etats-Unis; mais ce souci se trouve encore accentué par le fait que nous sommes pleinement conscients de la vulnérabilité de tout endroit du globe, dans l'éventualité d'une guerre moderne. Depuis longtemps, l'infirmière personnifie tous ceux qui secourent et soignent les blessés, les malades, ceux qui ont besoin de leur aide. Sa seule présence donne déjà aux patients un sentiment de sécurité et de réconfort. Le public, les médecins et les malades attribuent aux infirmières un rôle important dans la défense nationale. Aussi doivent-elles être dûment préparées et décidées à s'acquitter de leur tâche avec efficacité.

Des manifestations ont marqué, en 1963, le centenaire de la Croix-Rouge de Bade-Wurtemberg, et on va en lire le compte rendu que nous devons à son secrétaire général. Mais nous voudrions indiquer dans quel contexte historique s'inscrivaient, il y a un siècle, les événements fétés récemment à Stuttgart. Il convient, en effet, de rappeler Iéorigine de l'aînée des Sociétés de secours aux blessés et malades militaires, constituee en décembre 1863. A I'époque, le Wurtemberg était un pays sur les destinées duquel veillait un roi, Guillaume Ier, lequel consentit à envoyer des représentants a la Conférence internationale, convoquée à Genève en octobre 1863: le pasteur Christoph-Ulrich Hahn, délégué du Ministre de la guerre, et le Dr Wagner qui Iéaccompagnait. Il séagissait de discuter et déadopter le « projet de concordat » du Comité des Cinq, qui est à la base de la Convention signée à Genève, un an plus tard.

Nous sommes heureux de publier ci-après le texte de la conférence que M. Siordet, membre du CICR et président de la Commission du Centenaire de la Croix-Rouge en Suisse, a prononcée au mois d'août 1963, en l'Aula de l'Université de Genève. Durant les prochains mois, nous reproduirons deux autres exposés — ceux de Mmes S. Gabru, vice-présidente du Conseil des Gouverneurs de la Ligue et, également, de la Croix-Rouge éthiopienne, et G. Pecson, présidente de la Croix-Rouge des Philippines — relatifs à la Croix-Rouge, ses tâches, ses principes. Mais il convient au préalable de rappeler, brièvement, dans quelles circonstances eurent lieu ces conférences.

On n'insistera jamais assez sur l'importance capitale de cette année 1864, qui vit la naissance de la première Convention de Genève.

En prenant connaissance de la proposition qui m'etait faite de parler ici, à l'occasion du Centenaire de la Croix-Rouge, j'ai vécu à nouveau les heures exaltantes vécues à Prague, lors de la discussion relative aux principes de la Croix-Rouge. Je me rappelai clairement les paroles d'une grande élévation de pensée échangées au cours des débats et la remarquable autorité dont fit preuve M. Léopold Boissier, qui présida la conference avec tant de compréhension. J'évoquai avec plaisir l'instant oil le general Gruenther (USA) et M. Miterev (URSS) se sérrerent cordialement la main lorsqu'ils donnérent leur commun accord au sujet de la rédaction finale, qui fut acclamée par tous les participants. La Déclaration, soit dit en passant, stipule notamment que « la Croix-Rouge favorise la compréhension mutuelle, l'amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples ».

Quelque cent trente collections, appartenant à des administrations officielles ou à des Sociétés nationales de la Croix-Rouge les unes, mais pour leur plus grand nombre à des collectionneurs privés, ont figuré à l'exposition philatélique organisée dans le cadre de l'Exposition internationale de la Croix-Rouge.

C'était la première fois que l'on pouvait trouver un ensemble de timbres-poste de Croix-Rouge d'une telle importance. A côté de nombreux collectionneurs de presque tous les pays européens — de l'Est ou de l'Ouest — d'autres collections étaient venues d'Amérique, d'Israël, de Nouvelle-Zélande et d'Australie.

Le dernier numéro de la Revue internationale était consacré au Centenaire de la « Convention de Geneve du 22 août 1864 pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne ».

Nous reproduisons aujourd'hui les passages essentiels d'un l'article paru naguère dans notre Revue, et dans lequel Max Huber soulignait l'importance de la première Convention de Genève, dont il analysait divers éléments, et qu'il montrait liée, à son origine et dans son développement, au mouvement de la Croix-Rouge.

C'est par un télégramme que lui a envoyé M. Gunnar Jahn, président du Comité Nobel du Parlement norvégien, en date du 10 octobre 1963, et que la Revue internationale a reproduit dans un précédent numéro, que le Comité international a appris qu'il était désigné, en même temps que la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, pour recevoir le Prix Nobel de la Paix pour 1963. Haute distinction qui prenait, pour les deux institutions internationales, une signification toute particuliére en cette année du Centenaire de la fondation du mouvement universel de la Croix-Rouge.

Les fêtes du Centenaire de la Croix-Rouge n'ont pas seulement mis en évidence de nouveaux aspects de l'idéal et de l'action de la Croix-Rouge au seuil de son deuxième siècle d'existence, mais aussi les hommes qui ont joué un rôle décisif dans son passé. En outre, on a rendu un juste hommage aux personnalités qui président aujourd'hui aux destinées de la Croix-Rouge et qui, en cette période troublée, assument chaque jour de nouvelles et lourdes responsabilités.

Dès son origine, la Croix-Rouge a été étroitement liée aux médecins et à tous ceux dont la mission est de guérir, la plus noble des professions.

En effet, la Croix-Rouge s'est créée, il y a un siècle, pour parer aux insuffisances des services de santé des armées. II y avait là un élément essentiellement sanitaire, qui a subsisté dans tous les aspects de l'œuvre de la Croix-Rouge, alors meme que cette œuvre a débordé de ses cadres et s'est étendue non seulement aux diverses victimes des conflits, mais aussi, en temps de paix, aux victimes de la vie : les malades.

On connaît le concours précieux qu'apportent, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge américaine, les aides bénévoles — connues sous le nom de « dames grises » — dans les hopitaux, sanatoriums, maisons de repos, diniques et centres de convalescence, aux Etats-Unis. Les volontaires qualifiées, de tout êge (et dans certains cas des hommes également prêtent leur aide é ces services) se chargent de ces missions, tout particulièrement au bénéfice de personnes que la maladie retient durant de longues périodes.