Le Mahomet que nous présente M. Rodinson 1 est bien fait pour donner un plaisir extrême, dû, en définitive, à la précision élégante et détachée avec laquelle des idées provenant de disciplines très diverses sont mises en relief, par leur seul rapprochement. Ainsi, bien que les plaisirs sensuels du paradis de Mahomet aient scandalisé le puritanisme chrétien, on pourrait, d'après l'auteur, « leur trouver un modèle dans les descriptions des jouissances paradisiaques, chez les chrétiens de Syrie, en particulier chez le Père de l'Église Saint Ephrem le Syrien. On y trouvera même que les ceps de la vigne (mot féminin en syriaque) accueilleront dans leur sein immaculé les vieux moines dont la vie passée dans la chasteté n'aura jamais connu la douceur des amours terrestres » (p. 236).