Les trois institutions qui s'appellent en kinyarwanda inzu, ubwoko et umulyango n'ont pas joui, à notre connaissance, d'un traitement définitif et pleinement satisfaisant dans la littérature ethnologique consacrée au Rwanda. D'autre part, les informateurs que nous avons interrogés sur ces institutions de parenté nous ont donné des réponses très divergentes, voire contradictoires. Il est aisé de découvrir la raison de cette confusion. Durant les trois ou quatre siècles d'occupation de ce pays d'agriculteurs bantu—les Hutu—par une minorite dominante de pasteurs — les Tutsi, les groupes de parenté ont subi un lent processus de changement sous divers aspects. L'expansion territoriale progressive sous une dynastie unique et l'intensification du contrôle exercé par l'autorité centrale sur le pays ont eu nécessairement une influence considérable sur l'autonomie, le fondement territorial et les fonctions sociales de ces groupes de parenté tant chez les Tutsi que chez les Hutu. C'est pourquoi il n'est pas étonnant qu'il y a une cinquantaine d'années, alors que cette évolution se poursuivait et au moment où l'influence de la culture et de la puissance d'Occident allait se faire de plus en plus envahissante et permanente, la situation des groupes de parenté n'était pas complètement stabilisée. Dans le présent article nous nous proposons d'indiquer les lignes principales de l'interprétation que nous croyons pouvoir dormer de ces trois institutions et de leurs relations.