La ‘mise en valeur’ des colonies africaines pouvait-elle être entreprise par des sociétés auxquelles l'Etat attribuerait de grandes concessions foncières? La Commission des concessions coloniales, créée en juillet 1898, adopta ce principe de ‘colonisation moderne’, hâtivement mis en vigueur au Congo. Pour Madagascar et l'A.O.F. on prit le temps de larges consultations auprès des administrateurs et des milieux commerciaux; en dépit de l'avis favorable prononcé par la Commission, le ministre décida de surseoir à l'octroi de grandes concessions territoriales dans l'ouest africain, suivant en cela le gouverneur general Ballay. Les responsables locaux ne partagèrent point le mythe de la mise en valeur par les grandes sociétés, mythe auquel se tint aveuglément la Commission des concessions coloniales qui contrôlait au plan juridique le régime mis en place au Congo; c'est le gouverneur Merlin qui imposa la réforme de 1910–12. Des politiques et des affairistes – tels qu'Andre Lebon, Du Vivier de Streel, Binger, Guillain, – avaient fait passer un dessein nouveau d'action coloniale, mais la ‘mise en valeur’ sans cesse invoquée n'avait pas alors de contenu économique véritablement défini.