Dès les semaines qui suivent leur accession au pouvoir, les responsables du régime de Vichy renforcent et développent le réseau d'internement mis en place à la fin de la Troisième République, balayant toutes les limites à l'arbitraire qui existaient jusqu'alors. Aux termes de la loi du 4 octobre 1940 — publiée au Journal Officiel du 18 octobre, comme le premier Statut des Juifs en date du 3 octobre —, les préfets peuvent interner dans des « camps spéciaux » les « étrangers de race juive ». De nouveaux camps sont créés (Rivesaltes, Noé, Récébédou) ; les autres — comme Gurs, par exemple — voient leur population augmenter considérablement. On estime à 40 000 environ le nombre de Juifs internés dans les camps de la zone sud au mois de février 1941, dans des conditions matérielles et psychologiques effroyables : promiscuité, malnutrition et saleté, humiliation et angoisse du lendemain.