« Têtes-Rouges », Bektachî, Alevî (Alides ou Alaouites dans les références françaises), c'est sous ces vocables aux définitions souvent fluctuantes qu'on désigne la minorité religieuse d'obédience chiite en Turquie. En 1826, date des massacres qui mirent fin au corps des janissaires — étroitement associés à l'ordre des Bektachî—, l'Empire ottoman comptait sept millions de ces hétérodoxes. Aucune source statistique de l'ère républicaine ne fournit aujourd'hui des indications fiables permettant une évaluation démographique de cette minorité : l'État fondé par Atatùrk en 1923 est d'un laïcisme militant, et la loi de novembre 1925 abolit les ordres religieux de toute obédience ; elle est suivie d'une modification constitutionnelle d'avril 1928 qui supprime toute référence à l'islam en tant que religion d'État. L'identité religieuse est ainsi niée comme catégorie juridique, politique, sociale et statistique.