Au cours du premier trimestre de 1932, un accident d’une portée considérable en matière financière, le krach Kreuger & Toll, a de nouveau ébranlé l’économie mondiale. En même temps, une politique économique étroitement nationaliste, de la part de nombreux états, restreint chaque jour davantage le commerce et la consommation; la fermeture de nombreux marchés nationaux aggrave sensiblement l’état de pléthore sur les marchés internationaux régulateurs et y enfonce constamment les prix. Le paradoxe de cette politique du sauve-qui-peut individuel, méconnaissant les fondements mêmes de la prospérité industrielle, réside précisément dans ce fait; elle ne cesse de déprimer les prix internationaux, de soumettre les industries exportatrices aux plus dures épreuves et d’accroître chaque jour l’écart de prix contre lequel on cherche à se protéger.
La baisse persistante des prix, spécialement des prix de gros, est, à notre avis, l’un des faits fondamentaux qui contribuent à maintenir le monde économique dans un état de dangereuse inactivité, dont les effets politiques se font déjà sentir un peu partout. On ne peut espérer de reprise tant que ce mouvement, qui dépasse en ampleur tout ce que l’histoire du XIXe siècle nous a légué, n’est pas arrêté. Une hausse serait même éminemment souhaitable. Il convient donc que nous examinions d’un peu près, dans cette introduction, les prix, la monnaie et le crédit.