Je ne vois pas que les Annales d'Histoire Sociale aient jamais rendu compte du premier volume de l'Histoire Economique de la France, d'Henri Sée, traduction française — qui parut en 1939. La revue ne reçut-elle point ce livre ? ou bien fut-il confié à un historien qui, pris par les événements, ne put s'acquitter de sa tâche ? En tout cas, nous voici devant le tome II, qui vient de paraître — et il nous faut le juger en lui-même, sans prendre du recul à l'aide du tome I. Du tome I qui contenait toute l'histoire économique de notre pays, du Moyen Age à la Révolution.

Il nous faut le juger : mais « juger », est-ce bien nécessaire ? D'abord Henri Sée n'est plus là pour recevoir le tribut d'élnges que mérite sa courar geuse initiative et, le cas échéant, pour tirer parti de critiques fondées — s'il les eût jugées telles. Et puis, on ne juge pas un ouvrage comme celui-là.

Les exposés faits en juin 1938, au cours de la dixième semaine internationale de Synthèse, par Henri Wallon, Henri Piéron, R. Boyer, V. Chapot, Lucien Febvre, Louis Lapicque, Louis Verlaine, P. Chouard, Paul Langevin, Pierre Auger, sur ce grand sujet : La Sensibilité dans l'homme et dans la nature — viennent de paraître en fascicule, avec un retard dû aux circonstances. Henri Berr, animateur des Semaines, montre bien dans un Avant-Propos toute l'importance de la question étudiée, au Centre sous sa direction en 1938. « Il faut avoir soin de reconnaître, écrit-il, que la sensibilité consciente (pour laquelle peut-être devrait-on créer un mot spécial), est tout autre chose que la sensibilité de la plante, à plus forte raison que celle de la flamme ; mais il faut aussi — comme tendait à le faire et l'a fait effectivement notre Semaine — dégager ce qu'on peut définir : la propriété générale par laquelle la relation s'établit entre tous les éléments du éel.

De notre collaborateur Marcel Blanchard, un nouveau livre de la Collection Géographie humaine a paru en 1942 chez Gallimard. Il est intitulé. Géographie des Chemins de fer. Dire qu'il est alerte, vivant et bien documenté ne surprendra personne parmi nos lecteurs. L'auteur est là sur son terrain. Et il le domine.

Livre de géographe. Et livre d'historien. Marcel Blanchard s'en explique. Plus on s'évertue, nous dit-il, à serrer de près les éléments d'information que l'on possède sur le grand complexe ferroviaire mondial saisi dans son présent état — plus on doit constater qu'il n'est à peu près aucun cas où, pour bien entendre la physionomie présente et l'actuel comportement d'un ensemble donné d.e lignes, il ne soit d'extrême profit, toujours, de se référer aux origines de son établissement et aux circonstances de sa croissance même.

Veut-on mesurer l'étendue des méfaits, si souvent dénoncés ici, qui sont imputables en France, dans le domaine des études historiques, à l'agrégation et, d'une façon plus générale, aux examens et à leurs programmes absurdes et rétrogrades ? Qu'on se procure le tome X de l'Histoire générale qui a perdu le nom de son premier manager, mais qui, en dépit de cet accident, continue à remplir méthodiquement son cadre originel. Ce tome X s'intitule l'Asie Orientale, des origines au XVe siècle. Il doit comporter deux volumes, dont le premier seul est paru. C'est le volume d'histoire historisante, consacré aux Empires. Le second volume traitera des Institutions. René Grousset d'une part, assisté de Mlle Auboyer et de J. Buhot ; Henri Maspeiro d'autre part, et Paul Mus.