Le 16 mai 1898, l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge a tenu son assemblée générale annuelle sous la présidence du lieutenant-général baron de Rennette de Villers-Perwin, et le 10e Bulletin de l'Association, qui en rend compte, renferme le rapport sur l'exercice 1897 présenté par le secrétaire général, le baron Buffin.

La Société française de secours aux blessés militaires a décidé de faire un envoi de réconfortants et d'objets de distraction aux soldats et marins français soignés en Crète, dans les ambulances de La Canée et de Sitia. Du champagne, du vin de Banyuls, du chocolat, du quinquina, du chlorhydrate de quinine, du tabac et des jeux ont été ainsi expédiés, avec la franchise de port accordée par le ministre de la Marine, et ont été distribués à La Canée et à Sitia.

Nous recevons, du Comité de la Croix-Rouge grecque, quelques détails sur son activité, qui viennent compléter les renseignements que nous publiions en octobre dernier. Ils sont datés du 22 novembre 1897.

Pour soulager la misère dans laquelle se sont trouvés les militaires licenciés, réservistes ou volontaires, ce comité a établi dernièrement cinq hôpitaux, dont quatre fonctionnent déjà à Athènes et un à Lamia. A la fin de novembre, ce dernier avait déjà soigné 5750 malades. Les hôpitaux de la capitale donnent chaque jour des soins à 250 ou 300 malades, auxquels, à leur sortie, il est distribué du linge et un costume complet.

On lit dans le Bulletin de la Société française de secours aux blessés militaires:

«Le lendemain du jour de la déclaration de la guerre entre l'Espagne et l'Amérique, le Conseil central s'est réuni et, après avoir décidé l'ouverture d'une souscription publique en faveur des Sociétés de la Croix-Rouge de ces deux nations, il a voté une première somme de 50,000 francs.

Pendant la guerre gréco-turque, la Société a envoyé à Athènes dix infirmières et un médecin, pour soigner les malades et blessés grecs. Leur départ eut lieu le 30 avril, et ils arrivèrent à Athènes le 4 mai. Les infirmières entrèrent bientôt en activité: elles furent placées tant à l'hôpital de la princesse Marie qu'à celui de la reine, l'hôpital « Evangelismos », d'où plus tard elles furent en partie envoyées au grand hôpital militaire. Après la bataille de Domokos, de grands convois de blessés arrivèrent à Athènes, et les infirmières danoises eurent un vaste champ de travail. Lorsque les infirmières étrangères furent parties, elles se chargèrent seules de l'hôpital de la princesse Marie. Elles y furent généralement appréciées pour leur habileté et la manière consciencieuse dont elles remplissaient leur devoir. A mesure que les hôpitaux se vidèrent, les infirmières retournérent en Danemark : trois arrivérent le 20 août, les autres les 3 et 4 septembre. La plupart d'entre elles avaient eu à Athènes des attaques légères de fièvre. Pendant leur séjour en Grèce, elles habitèrent le palais du roi, où la famille royale leur témoigna beaucoup de bienveillance. Le docteur qui avait accompagné les infirmières, ne trouvant, à cause du grand nombre de médecins qu'il y avait à Athènes lors de son arrivée — grecs et étrangers, — pas assez d'occupation dans cette ville, se rendit auprès de l'armée à Domokos. II assista à la bataille qui y eut lieu et prit part à la retraite par le défilé7 de Phurka, jusqu'à Stylès, où il fut embarqué avec une partie de l'armée pour Athènes. Après l'armistice, il partit et revint à Copenhague le 14 juillet.

Le 31meBulletin de la Société française de secours aux militaires blessés nous avait fourni, en 1897, un article sur la «Nouvelle instruction ministérielle concernant les infirmeries de gare ». Le 37meBulletin de cette Société renferme quelques détails complémentaires sur le fonctionnement de ce service.

Le rapport annuel de la Société hongroise rappelle la perte qu'elle a faite, dans le courant de l'année 1896, en la personne de son protecteur l'archiduc Charles-Louis, que l'empereur d'Autriche a remplacé par l'archiduc Louis-Victor. Le comte André Csekonics a été réélu président du Comité central pour une période de trois ans. Quant à l'organisation et à l'extension de la Société, les efforts du Comité ont été dirigés dans le sens d'un renforcement des Comités régionaux, qui sont l'âme des société régionales et filiales. Paralysées par des circonstances spéciales, ces tentatives d'extension n'aboutirent guère, et force est bien de constater une certaine stagnation dans l'état de la Société. Elle comptait an 31 décembre 1896, 93 comités d'ordres divers, et 364 sections, comprenant un total de 43,384 membres, elle se trouvait en possession d'une fortune de 2,251,491 fl. 5kr. La somme immédiatement disponible, pour l'éventualité d'une mobilisation et pour l'alimentation du service sanitaire volontaire, est de 363,067 fl. 55 kr.

M. Furley, ancien directeur de l'Association ambulancière de Saint-Jean, a publié récemment une monographie consacrée à en exposer les origines et le développement, Bien que nous ayons souvent entretenu nos lecteurs de cette Association, nous analyserons succinctement cette brochure, étant un peu de l'avis de l'auteur que les institutions les plus considérables et les plus prospères sont quelquefois celles dont on connaît le moins exactement la naissance et l'extension.

C'est après avoir vu rentrer tout le personnel [et]le matériel qui avaient pris part à la campagne d'Afrique, que le Sous-comité de Palerme présente son rapport sur l'année 1896. Sa part des contributions et dons versés pour l'assistance des blessés dans cette guerre s'est élevée à 43,109 francs, sans compter une somme de 2405 francs employée à l'acquisition de l'ambulance de montagne no 4, qui s'est distinguée après la journée d'Adoua.

La menace des Etats-Unis d'envoyer une escadre sur les côtes de la péninsule et la crainte que ces forces navales n'attaquassent, en passant, les îles Canaries, avaient fixé, d'une manière toute spéciale, l'attention du Comité central de la Croix-Rouge espagnole sur la section de Ténériffe. Il put se convaincre que cette section était bien organisée, qu'elle comptait parmi ses membres les personnalités les plus distinguées de l'archipel et qu'avec ses cinq ambulances elle était prête à faire face à toute éventualité.

Pour répondre à des faux bruits qui circulaient sur l'emploi fait, par la Croix-Rouge italienne, des fonds recueillis pour la campagne d'Afrique, la Tribuna a publié une note de la Direction relative à cet objet, d'où il résulte ce qui suit.

La Société disposait d'une somme de 189,145 francs à répartir entreles families pauvres des victimes de la guerre, de 151,328 francs destinés aux invalides, et de 100,000 francs que le roi lui avait remis pour être utilisés de la manière la plus utile. De la premiere somme de 189,145 francs, 185,000 francs devaient, de par l'expresse volonté des donateurs, se diviser en 925 subsides de 200 francs chacun. Le Comité central reçut plus de 2000 demandes de secours, dont 925, qui se trouvaient dans les conditions prescrites par les donateurs, furent immédiatement satisfaites. Le Comité aurait été obligé de repousser les autres, s'il ne lui avait pas paru bon d'affecter au soulagement des families non encore secourues une somme de 100,000 francs, en la prélevant sur des fonds qui avaient été mis à sa disposition sans condition; cettte somme fut divisée en parts de 100, 80 et 50 francs. La Croix-Rouge est ainsi venue en aide à 64 families d'officiers et 2002 familles de soldats.

D'accord avec le Ministre de la guerre, le Comité central de la Croix-Rouge avait décidé que l'hôpital de guerre de 50 lits, no 7 (Bergame) interviendrait aux grandes manœuvres qui s'exécuteraient près de Vérone, et que le no 30 (Sienne) prendrait part aux manœuvres de campagne.

Bien avant l'ouverture des hostilités, le gouvernement des Etats-Unis, après s'être entendu avec la Croix-Rouge américaine, la Chambre de Commerce de New-York et d'autres institutions, avait organisé un Comité central de secours pour Cuba, dont le quartier principal était à New-York, et dont la présidence était confiée à M. Stephen E. Barton, second vice-président de la Société nationale de la Croix-Rouge. C'était ce Comité qui centralisait tous les secours et les faisait parvenir à destination.

Par une lettre du 30 novembre dernier, le Comité central prussien a bien voulu nous informer que, par ordre du 25 octobre, S. M. le roi avait daigné sanctionner un changement de nom de la Société qu'il dirige. Celle-ci s'appelle maintenant « Association prussienne de la Croix-Rouge » (Preussischer Landesverein vom Rothen Kreuz) au lieu de « Association prussienne de secours aux militaires blessés et malades ».

Le prince Demètre Ghika, ancien président de la Croix-Rouge roumaine, dont nous avons annoncé le décès l'an dernier, a maintenant pour successeur M. Georges-Gr. Cantacuzène, qui a fait partie du Comité central depuis son origine. Mais le personnel de ce Comité a été, dans son ensemble, fort modifié au cours des vingt-deux dernières années, ainsi qu'on en pourra juger en comparant sa composition en 1876, avec la liste de ses membres actuels.

Le Comité central a fait exécuter, en 1897, aux deux hôpitaux de guerre de Pérouse, nos 5 et 38, un essai qui commença par une exposition, dans des locaux appropriés, de toutes les appartenances de ces hôpitaux, continua par une marche de deux jours pour atteindre Foligno d'abord, puis le surlendemain Assises, et se termina le troisième jour par le retour, après un séjour d'un peu plus de 24 heures dans chacune de ces localités, où l'exposition des deux hôpitaux fut très visitée. Cette mobilisation de deux hôpitaux à travers l'Ombrie, accompagnée de conférences tenues dans les villes de passage, a servi de moyen efficace de propagande, et plusieurs actes d'adhésion ont été signés.

Le Comité de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge s'est réuni à Olten, le 13 octobre 1897, sous la présidence de M. Haggenmacher, de Zurich, M. Stähelin, président, étant retenu par la maladie.

Le major Schenker rend compte des objets traités à Vienne, dans la Conférence internationale, et des décisions intervenues.

L'assemblée générale de la Société de secours aux blessés militaires a eu lieu le 3 juin 1898, sous la présidence du général duc d'Auerstædt. Le Président de la République était représenté par le colonel Menestrez.

La Société saxonne ne publie de rapport sur son activité que tous les deux ans. En passant en revue, dans le compte rendu publié en 1897, la dernière période biennale, le Comité est, forcé de constater que ses ambitions et son désir d'agir ont été entravés par le peu de ressources dont il disposait. Il se propose, pour les augmenter, de recourir à une loterie, s'il peut en obtenir l'autorisation. Comme délégué de l'assistance volontaire dans le royaume de Saxe, le lieutenant-général von Leschau a été nommé, en remplacement du général von Holleben, décédé.

Le Comité central a décidé, en février 1897, sur la proposition de son président, d'instituer une médaille, qui serait distribuée à ceux qui auraient bien mérité de la Société. Les médailles, en or, en argent ou en bronze, seront jointes aux diplômes d'honneur prescrits par le règlement organique de la Croix-Rouge, dans les cas où il s'agira de conférer une distinction particulière. Le type adopté représente la Croix-Rouge sous forme d'une femme debout, portant l'emblème sur la poitrine et conduisant de chaque còté un soldat blessé; son revers offre, entre l'étoile d'Italie placée au sommet d'une couronne de palmes et de fleurs et l'aigle héraldique posé sur la partie inférieure de cette couronne, la place nécessaire à l'inscription du nom du destinaire.