Le Comité central allemaud a montré a l'Exposition industrielle de Berlin, qui s'est ouverte le 1er mai, un radeau de rivière pour le transport des soldats grièvement blessés ou malades. Ce radeau constitue une partie d'un train de bateaux sanitaires; celui-ci est composé d'un petit vapeur, de quatre bateaux pour les blessés qui ne peuvent être transportés que couchés, et de deux autres pour ceux qui peuvent un peu aller et venir. Les premiers de ces bateaux peuvent contenir chacun 25 malades; les autres 44 à 46 hommes. A leur avant se trouve une cahute divisée en deux compartiments, l'une pouvant abriter deux officiers blessés, l'autre destinée à deux infirmiers. Des dispositions sont établies en vue d'un éclairage suffisant, d'une veutilation normale et de la protection contre le soleil et la pluie. Les mêmes mesures sont prises à l'égard du vapeur, qui peut recueillir 20 à 24 hommes légèrement blessés. C'est là que se trouve le cabinet du médecin en chef. Un magasin contient tous les objets de pansement et d'habillement nécessaires. Le train tout entier peut donc héberger 220 hommes au moins; chaque embarcation porte le drapeau blanc à croix rouge. Les blessés sont amenés avec précaution sur les bateaux, par des brancardiers exercés spécialement à cette manœuvre.

Le Comité central danois a bien voulu, sur notre demande, nous communiquer les notes biographiques ci-après, que nous nous faisons un devoir de publier, comme complément de sa lettre du 10 août qu'on vient de lire.

Ces notes étaient accompagnées d'un portrait, que nous reproduisons également.

Le numéro du 29 octobre de l'Echo de Cardenas contient d'intéressants détails sur l'attaque de cette ville, et des paroles élogieuses pour la Croix-Rouge qui y a rendu de grands services, aussi bien sur le champ de bataille qu'à l'occasion de la tempête qui régnait à ce moment-là. La Section de Dames de la Croix Rouge avait nommé dans son sein une commission, qui tous les jours visitait les malades et les blessés cantonnés dans cette ville.

Dans un article publié par le journal allemand Das Rothe Kreuz le Dr Pannewitz, médecin d'état-major, résume la satisfaction des besoins sanitaires les plus pressants qui se manifestent en Allemagne en deux tâches principales, pour l'accomplissement desquelles il fait appel à toutes les institutions existantes dans ce pays. Ce sont, d'une part, l'organisation complète des secours en cas d'accidents et de maux subits, avec le concours des associations professionnelles, et, d'autre part, la fondation d'hôpitaux populaires ou sanatoriums pour les poitrinaires sans ressources, avec la collaboration des institutions d'assurance contre la vieillesse et l'infirmité.

Nous avons rendu compte en leur temps de deux brochures de M. Jean Bungartz, peintre d'animaux, préconisant le dressage des chiens pour le service sanitaire. Une association a été fondée, à la suite de cette publication, pour la formation de chiens sanitaires, c'est-à-dire destinés à seconder le service sanitaire dans quelquesunes de ses tâches. Cette société, qui compte deux ans d'existence, tenait à Cologne, en décembre 1895, sa deuxième assemblée générale. Le président, M. Bungartz, a rendu compte dans son rapport des essais d'élevage et de dressage qui ont été faits. Six sections sanitaires ont été pourvues chacune d'un chien complètement formé, pour lequel une dispense d'impôt a été obtenue. Beaucoup de temps et de peine ont dû être consacrés, soit au dressage de quarante-quatre jeunes chiens, soit à l'entretien de trois chiens plus âgés et déjà formés, que le président possédait antérieurement. La station où ces essais sont faits, l'école pour ainsi dire, a été fréquemment visitée par des personnes qui s'intéressaient à ce dressage. Une épreuve sur un chien dressé eut lieu à Neuwied, le 1er octobre 1895.

A l'occasion de la lutte qui a ensanglanté cette année le sol de l'Abyssinie, des amis de l'humanité se sont adressés de divers côtés au Comité international de la Croix-Rouge, pour savoir dans quelle mesure les troupes éthiopiennes pourvoyaient au soin des blessés tombés entre leurs mains et se conformaient aux lois de la guerre. Nous ne sommes pas à même de répondre catégoriquement à ces questions; toutefois nous nous en sommes préoccupés, et nous avons des raisons d'espérer que les derniers événements seront tout au moins suivis de progrès importants.

La Société a fait, en 1895, l'achat d'une propriété, afin d'y établir une petite clinique pour les traitements chirurgicaux et gynécologiques, clinique dans laquelle les infirmières pourront commencer leur instruction, avant d'être envoyées aux grands hòpitaux. Elle devra aussi être affectée, en cas de guerre, à un hôpital pour officiers, placé sous la direction du ministère de la guerre.

Le rapport de fin d'année du président de la Croix-Rouge argentine, qui a été lu à l'assemblée générale du 28 octobre 1894, passe en revue divers faits qui ont marqué l'exercice écoulé et que nous avons déjà relatés.

Le rapport annuel, lu à l'Assemblée générale de la Société de la Croix-Rouge pour l'Alsace-Lorraine en mars 1896, donne un tableau réjouissant de l'activité sociale pendant le dernier exercice. Le Comité central lui a consenti, comme par le passé, une subvention de 30,000 marks. Parlant de l'Exposition, organisée en 1895, le président, Dr Lieber, constate que, malgré un résultat financier peu brillant, elle a contribué à faire connaître le rôle et l'utilité de la Croix-Rouge dans des milieux où elle était encore à peu près ignorée. Le nombre des colonnes ainsi que celui de leurs membres s'est augmenté. On compte actuellement en Alsace-Lorraine 41 sections avec 7183 membres payant une contribution. La fortune de la Société s'élevait, au 1er janvier, à 20,393 marks.

Deux nouvelles sections de la Croix-Rouge ont été créées depuis peu dans la République Argentine, à Mendoza et à Gualeguay.

Le Dr Kyle, membre du Comité central, envoyé en mission à Mendoza, y arriva la veille d'une terrible catastrophe, qui prépara favorablement la population à écouter son appel. Sou rapport nous apprend que, le 8 janvier 1895, une formidable trombe d'eau s'abattit sur cette ville, arrachant les pierres et les arbres, entraînant les voitures, mille objets provenant des maisons inondées et, malheureusement aussi, les cadavres de nombreux noyés. Après avoir concouru au sauvetage, M. Kyle profita de cette triste circonstance pour mener à bien le but de son voyage à Mendoza, en fondant dans cette ville une section de la Croix-Rouge.

Les dons en faveur des blessés de Madagascar ont continué pendant l'année 1895 à arriver de tous còtés au Conseil de la Société de secours aux blessés militaires. Les Comités des différents départements organisaient des fêtes, des concerts ou des bazars dont le produit avait la même destination. Dans d'autres localités, c'était des dames qui procédaient à des quêtes à domicile au profit de cette œuvre.

La circulaire suivante a été envoyée à toutes les députations deprovince et à tous les conseils municipaux d'Espagne:

«La Section espagnole de la charitable association qui a nom la «Croix-Rouge», a été reconnue le 15 juillet 1874 par le Ministère de la guerre comme un puissant auxiliaire du corps sanitaire de l'armée, et déclarée Société de bienfaisance par un ordre royal daté du 27 janvier 1894.

Par lettre du 22 juin 1895, M. A. Fainardi, président de la section de Corrientes, a informé le Comité central que, le 9 du même mois, cette ville avait été le théâtre d'une petite insurrection, où trente-six hommes avaient trouvé la mort, et où trente-huit avaient été blessés.

C'est avec une vraie tristesse que nous prenons la plume, pour faire part à nos lecteurs de la perte considérable qu'a éprouvée récemment la Croix-Rouge italienne, par la mort de son président, le comte della Somaglia. Nous l'avons connu assez intimement, en effet, pour nous associer de cœoeur au deuil de ses proches, de ses amis, de ses collaborateurs et de son pays. Retraçons en peu de mots les principaux traits de la belle carrière qu'il a parcourue.

La IVme conférence internationale des sociétés de la Croix-Rouge, às Carlsruhe, avait exprimé le vœu qu'en temps ordinaire tous les cinq ans eùt lieu une conférence internationale.

La Vme conférence internationale, siègeant à Rome en 1892, avait approuvé cette décision et prié le Comité international à Genève dese mettre, en son temps, en relation avec un des comités centraux, afin qu'en 1897 une conférence internationale eût lieu dans la ville où siège ce comité.

L'éloquent appel adressé aux consuls d'Espagne à l'étranger n'est pas resté sans effet, et de tous còtés des lettres et des dons affluent, en faveur de l'armée de Cuba.

M. Joaquim Jovery Costa, le grand armateur de Barcelone, a fait savoir au marquis de Polavieja, président du Comité central, qu'il met à la disposition de la Croix-Rouge un certain nombre de ses navires, pour rapatrier de Cuba les soldats malades ou blessés. S'appuyant sur les § 1 et 2 du projet d'articles additionnels à la Convention de Genève, il sollicite la faveur de pouvoir faire arborer le pavilion de la Croix-Rouge à ceux de ses vaisseaux qui seront consacrés à ces transports. Il annonce en outre qu'il fait don à la Croix-Rouge espagnole d'une somme de 10,000 francs.

On lit dans la Tribuna du 12 mars 1895:

«Le projet de règlement du service de santé sanitaire militaire, actuellement à l'étude, contient, paraît-il, des dispositions qui, si elles étaient adoptées, violeraient non seulement le traité international de Genève de 1864, auquel a accédé la République Argentine, mais encore une loi postérieure du Congrès, qui sanctionne les attributions et privilèges de la Croix-Rouge.

Le Comité central de la Croix-Rouge italienne a fait, au mois d'août 1895, une grande perte en la personne de M. le Dr Galassi, qui depuis 1874 avait été appelé, en raison de ses éminentes qualités, à la vice-présidence du Comité central. Il fut pendant longtemps le doyen des professeurs de l'Université de Rome et le Recteur de la Faculté de médecine et de chirurgie. Il fut également président de l'Académie de médecine à Rome et vice-président du Conseil supérieur de santé du royaume. Le coup mortel lui a été porté moins par l'âge que par la mort de son fils, qui l'avait atteint dans ses plus chères affections, sans cependant affaiblir en rien son intelligence ni diminuer son activité.

Le 1er mai dernier, sans avoir prévenu personne, S. M. la reine régente, accompagnée du général Polavieja, président du Comité central de la Croix-Rouge, et d'une suite peu nombreuse, a fait une visite au Sanatorium de Madrid. La reine a parcouru toutes les salles, adressant aux soldats malades des paroles de consolation, et a donné l'ordre qu'à l'occasion de la mémorable journée du 2 mai il leur fût servi un repas extra dont elle a payé tous les frais. Quelques jours après sa visite, la reine a fait parvenir au Sanatorium un don important, consistant en quatre-vingts chaises et en provisions.

L'événement le plus saillant du dernier exercice de la Société auxiliaire de Dames pour la Basse-Autriche est la décision prise, par l'assemblée générale, d'opérer sa fusion avec la Société auxiliaire patriotique d'Autriche, qui est en même temps Société régionale de la Croix-Rouge pour la Basse-Autriche. Cette décision, à l'appui de laquelle le rapport annuel donne des motifs circonstanciés, a été prise, d'une manière générale, en considération du but commun poursuivi par ces sociétés, qui, travaillant chacune de leur côté à se développer et à recruter des adhérents, risquaient, dans une certaine mesure, de se faire concurrence. Ces sociétés ont donc estimé qu'il était de l'intérêt du but poursuivi, à savoir l'organisation la meilleure possible de l'assistance volontaire en cas de guerre, d'unir leurs efforts et de ne constituer dorénavant qu'un seul et même organe. Cette fusion, qui ne fait que resserrer les liens et les bons rapports qui ont toujours existé entre les deux sociétés, a donc été votée, d'après un projet sur lequel les deux sociétés s'étaient mises d'accord et qui avait obtenu l'assentiment du Comité central. On ne peut attendre que de bons résultats de cette décision.