Tocqueville soutient qu'un état d'esprit révolutionnaire, qui s'était constitué dans les dernières décennies de l'Ancien Régime, trouva dans la crise de 1789 l'occasion de réaliser les changements envisagés depuis longtemps. Cet état d'esprit, affirme-t-il, existait non seulement chez les intellectuels et dans la classe supérieure mais aussi dans les classes populaires ; et il parle d'une « éducation révolutionnaire du peuple » réalisée par six générations de tension politique et de changement intellectuel. La monarchie, pense-t-il, avait discrédité l'aristocratie en exemptant les nobles de toute obligation sans abolir leurs privilèges. Elle avait désacralisé les institutions en tentant de les réformer.