La méthode PICT (Pollution-Induced Community Tolerance) a été initialement proposée par Blank et al. (1988) afin de caractériser
un écosystème aquatique soumis à un polluant suspecté. Le concept du PICT est fondé sur le fait qu'une communauté
algale présente différents «composants» ayant une sensibilité variable vis-à-vis du xénobiotique étudié. Ainsi, les organismes
les plus sensibles, exposés à une concentration et pendant une durée suffisantes au toxique, ne sont plus concurrentiels et sont
remplacés par des organismes plus tolérants. La communauté présente alors une tolérance supérieure vis-à-vis du polluant ou du
type de polluant étudié, en comparaison à une communauté similaire n'ayant pas connu de pression de sélection par le toxique.
En conciliant deux approches méthodologiques complémentaires (un test global rapide de réponse physiologique et une étude
précise des peuplements de la communauté), il est possible de comparer des communautés selon leur tolérance plus ou moins
induite par le polluant étudié.
Cette méthode a été appliquée à la comparaison de deux systèmes limniques très différents : le lac Léman (Haute-Savoie),
mésotrophe, peu pollué par les herbicides inhibiteurs du Photosystème II (P.S. II) et la retenue de Villaumur (Ille-et-Vilaine), très
eutrophe et polluée par ce type d'herbicides. Les deux plans d'eau semblent effectivement présenter des communautés phytoplanctoniques
différentes, du point de vue structure des peuplements et tolérance à l'Atrazine.
Afin de confirmer cette sélection de la communauté phytoplanctonique par les herbicides inhibiteurs du PS. II présents dans
la retenue de Villaumur, nous avons étudié expérimentalement l'effet des polluants sur la structure d'une communauté phytoplanctonique
provenant du plan d'eau le moins pollué (Léman) : une série de microcosmes était contaminée par de l'eau filtrée
du plan d'eau le plus pollué (Villaumur) alors qu'une autre série était contaminée par de l'Atrazine (10 µg/l). Certaines espèces
d'algues tolérantes ont été sélectionnées dans les deux types de microcosmes contaminés, après trois semaines de traitement.
Enfin, une comparaison expérimentale de l'effet de l'Atrazine sur deux souches d'une même espèce isolées de chaque plan d'eau
(calcul et comparaison de CE50), suggère une probable sélection au niveau génotypique par les herbicides inhibiteurs de la photosynthèse.
La méthode PICT présente un intérêt indéniable comme indice de pollution spécifique d'un plan d'eau. Notre approche expérimentale
a bien mis en évidence l'effet sélection des communautés par les polluants, mais les premiers résultats de mesures in
situ montrent que pour valider cette méthode, il est nécessaire de poursuivre l'amélioration du protocole et de l'appliquer sur des
systèmes variés, contrôlés et/ou connus.