Dans le domaine de la recherche en psychiatrie, un nouvel intérêt paraît se dessiner pour les émotions. Notre travail s’inscrit dans ce courant et relate les résultats obtenus avec une échelle polydimensionnelle d'évaluation de l’humeur dépressive. Une analyse en composantes principales (ACP) a été pratiquée sur la matrice de corrélations des 18 items de l'échelle administrée à 70 patients hospitalisés présentant un épisode dépressif majeur. Cinq facteurs se dégagent, ayant un sens clinique et statistique avant comme après rotation Vanmax: émoussement affectif, tristesse hyperexpressive/incontinence émotionnelle, irritabilité, labilité affective et tristesse douloureuse (Tableau II). Cet éclatement, en plusieurs dimensions, de l’humeur dépressive confirme qu’il s’agit bien d’un concept polysémique et non d’une entité clinique univoque. Les cinq composantes issues de l’ACP ne correspondent pas à des niveaux de complexité équivalente Certaines, comme la labilité affective, sont relativement simples alors que d’autres proviennent d’un arrangement complexe entre des symptômes correspondant à des niveaux d’observation très variés. Ceci plaide en faveur d’un dénombrement horizontal (selon les émotions identifiées) et vertical (selon les niveaux expressifs) de la sémiologie des affects chez les déprimés. Nous faisons l'hypothèse que de nombreux symptômes correspondent à des objets chimériques issus d’une réorganisation pathologique des niveaux expressits.