Le suivi obstétrical des patientes enceintes doit toujours être accompagné d’une vigilance particulière du contexte psychologique associé, qui, dans cette période de plus grande vulnérabilité peut avoir des conséquences délétères sur la femme et sur l’enfant à venir.
Ainsi, le contrôle de la prise de poids au cours de la grossesse a ses effets pervers. S’il est important de s’assurer d’une alimentation équilibrée pendant cette période, les recommandations ne tiennent pas toujours compte du l’état psychologique sous-jacent. Un phénomène paradoxal et alarmant commence à poindre, l’image de la jeune femme filiforme, radieuse et enceinte s’impose dans tous les médias, alors que le surpoids est pisté, blâmé enfermant parfois les femmes dans une culpabilité destructrice. Le déroulement de leur grossesse et le devenir de la relation avec leur bébé est pourtant en jeu dans toutes ces situations. Des études ont montré le risque de complications médicales, obstétricales et néonatales encourues, mais les difficultés relationnelles entre la mère et son bébé et les éventuels effets sur l’alimentation de l’enfant restent beaucoup moins explorés. Nous proposons ici une réflexion autour d’une étude mise en place au sein de la filière de psychiatrie périnatale de Limoges. Elle a été réalisée sur 2 ans et a bénéficié du soutien de la Fondation de France dans le cadre d’un programme santé des jeunes 2010 : « soigner les conduites anorexiques et boulimiques ». Trente-deux mères et 22 bébés ont été suivis.
Nous discutons les modalités d’orientation et d’accompagnement de ces situations, la spécificité de la clinique repérée et les dysfonctionnements relationnels retrouvés. La question de la prise en charge se pose et se confronte à l’acceptation des soins par la mère. L’évaluation des capacités maternelles à mobiliser un changement dans leur comportement pathologique est important, elle va guider notre attitude et l’implication qu’il faudra demander à l’entourage.