Nous présentons une étude rétrospective sur l’évaluation psychiatrique pré-chirurgicale de 767 patients obèses (610 femmes et 157 hommes) conduite entre 1997 et 2012 et effectuée par le même psychiatre. Notre étude confirme les données de la littérature en ce qui concerne les variables sociodémographiques, la prévalence des troubles psychiatriques et celles des troubles de la personnalité. D’autres résultats sont néanmoins divergents, notamment les prévalences des addictions et des différents troubles alimentaires, qui sont plus élevées dans notre étude. les liens entre les psychotraumatismes et les troubles psychiatriques comorbides, ainsi qu’entre les psychotraumatismes et l’hyperphagie boulimique sont confirmés dans notre travail. L’intérêt de cette étude tient à son effectif qui autorise une bonne puissance statistique et permet d’étudier les deux sexes séparément. les résultats les plus significatifs sont les suivants :
– le sexe masculin est associé aux antécédents personnels d’addictions au tabac et à l’alcool alors que le sexe féminin est corrélé aux troubles de l’humeur et aux tentatives de suicide ;
– les antécédents de psychotraumatismes sont associés dans les deux sexes aux addictions, aux troubles de l’humeur et aux tentatives de suicide, auxquels s’ajoutent les troubles anxieux chez les femmes ;
– le début de l’obésité est plus précoce chez les femmes (avant l’âge adulte) ;
– le sexe féminin est associé à l’hyperphagie boulimique et le sexe masculin à l’hyperphagie prandiale ;
– chez les femmes, l’hyperphagie boulimique est associée aux antécédents d’addictions, de troubles de l’humeur, de troubles anxieux, de tentatives de suicide, aux différents types de traumatisme (carences affectives, violences directes et indirectes, abus sexuels) et au cumul des traumatismes ;
– chez les hommes, l’hyperphagie boulimique est uniquement associée aux antécédents d’addiction et aux carences affectives ;
Nous envisageons ensuite l’impact des évènements de vie stressants sur le comportement alimentaire de ces sujets et comment l’analyse bénéfice-risque conditionne la décision chirurgicale.