Cette note critique de l’Histoire des coureurs de bois : Amérique du Nord, 1600-1840 de Gilles Havard analyse l’ouvrage comme l’exemple d’un type de recherche nouveau embrassant un sujet extrêmement vaste pour en éplucher patiemment les différentes couches, le soumettre à une analyse microhistorique minutieuse et en offrir une vue d’ensemble complète qui le replace dans un contexte historique le plus large possible. Ce faisant, l’auteur parvient à fournir une vue de grande envergure sur les coureurs de bois en tant qu’acteurs historiques importants ayant parfois travaillé pour les ambitions impériales de la France en Amérique du Nord, parfois contre, parfois uniquement pour leur avantage propre. En s’écartant du cadre théorique qui domine l’historiographie nord-américaine aujourd’hui, Havard développe plusieurs thèmes importants qui traversent habilement l’histoire impériale, coloniale, économique, sociale, culturelle, environnementale et du genre, sans négliger les récits sur l’État, sur la technique et sur la mémoire. Histoire des coureurs de bois montre comment concilier, en pratique, la créativité conceptuelle avec une analyse détaillée et complète, sans compromettre aucune des deux.