Dès 1843, J. -J. Ampère faisait honneur à Jean de Meun d'être le devancier ‘des érudits païens et matérialistes du XVIe siècle’; il voyait dans la seconde partie du Roman de la Rose l'origine d'une série d'œuvres où se remarquent les éléments d'une philosophie naturaliste, et il indiquait que, par un curieux mélange du sacré et du profane, cette philosophie se présente à l'aide d'images et de comparaisons suggérées par le rituel catholique. Nous nous proposons d'étudier d'abord cette utilisation de la liturgie chrétienne à des fins étrangères à celles de l'Eglise. Nous verrons ensuite comment le culte de la Nature s'accompagne de la glorification de l'homme, de l'éloge de la science, et de l'idée que la dignité humaine réside dans le travail et dans l'amour. Nous nous demanderons, enfin, dans quelle mesure le naturalisme du XVIe siècle se relie à la tradition médiévale.