Sir Herbert Read a publié naguère une Histoire de la peinture moderne, dont il remarque lui-même qu'il l'écrivit après « avoir consacré une longue et attentive réflexion aux faits qui constituent l'histoire du mouvement moderne dans la peinture et dans la sculpture… ». Mais c'est pour demander qu'on ne prenne pas le titre de son ouvrage au pied de la lettre. Faisant siennes les thèses de Collingwood, il souligne que, d'une manière générale et en regard d'autres secteurs apparemment analogues de la création intellectuelle, l'histoire de l'art a quelque chose de pénible et de troublant. On n'observe pas de progrès en ce domaine, au sens où les œuvres d'art, dans leur succession temporelle, feraient gravir les degrés d'une certaine vérité et, comme les recherches d'ordre scientifique ou philosophique par exemple, atteindraient en tous les cas à quelques résultats positifs pourvu qu'elles soient le produit d'un « travail moyen ».