Il y a trois mois s'éteignait Alfred Valette, le directeur du Mercure de France depuis sa fondation, exactement un jour et vingt ans après Remy de Gourmont. Des fondateurs de la vivante revue qui célébrera dans quatre ans ses noces d'or avec la littérature, un seul survit aujourd'hui, M. Ernest Reynaud. On écrira un jour l'histoire de la vie littéraire d'avant-hier; le rôle, joué par le Mercure, revue et maison d'édition, se révélera considérable, non seulement à l'égard des lettres, mais de la pensée. Au centre d'une phalange d'hommes de talent, on verra se détacher deux figures, Valette et Gourmont, l'un le directeur identifié à sa fonction, qui communiqua au Mercure sa propre solidité, l'autre, l'auteur des Promenades littéraires, des Promenades philosophiques, des Epilogues, qui lui passa quelque chose de ses goûts universels; l'un, l'homme de jugement et d'action, l'autre l'homme de réflexion. Valette et Gourmont furent les consuls du Mercure de France des vingt-cinq premières années. Il se trouve que les dernières lignes écrites par Valette furent un témoignage d'amitié, rendu à la mémoire de l'autre consul, à l'occasion du vingtième aniversaire de sa mort. Quand elles sortirent de presse, Valette n'était plus.