La démarche qui sous-tend cette intervention n'est certainement pas très familière aux historiens habitués à traiter les faits dans leurs moindres détails, avec une minutie extrême. Tout au contraire, notre souci sera de globaliser les faits, de les traiter en termes de ce que les économistes appellent des grandeurs macro-économiques, d'éliminer dans le temps tout ce qui est conjoncturel ou circonstanciel, pour ne plus retenir que les tendances profondes. S'agit-il de l'approche que Jean Bouvier qualifie de « voie, froide » ? Peut-être pas tout à fait si l'on entend percevoir ainsi l'inconscient collectif d'un groupe social en évolution, les lois qui s'imposent à la conscience des acteurs et déterminent, par delà leur discours et leurs justifications, les actes et les choix du quotidien. Si le mouvement social est une dialectique du hasard et de la nécessité, de l'individuel et du collectif, nous cherchons ici à discerner ce qui est nécessité.