RÉSUMÉ. Suivant un ordre chronologique, l'auteur montre l'entrée en scène de la mer à l'occasion de la Troisième Croisade aussi bien chez Richard Coeur-de-Lion que chez Philippe-Auguste, l'absence de toute politique maritime chez les deux dynasties au XIIIe siècle, puis la place grandissante de la mer dans les affaires d'Aquitaine et des Flandres. Il montre enfin que la Guerre de Cent Ans a été gagnée en mer, Charles V réorganisant le Clos des Galées et Henri V faisant de sa flotte un outil de guerre.
ABSTRACT. In chronological order, the author shows the sea's entry onto stage with the Third Crusade, for Richard the Lionheart as well as Philippe Auguste, the absence of maritime policy in the two thirteenth-century dynasties, and the growing role of the sea in the activities of Aquitaine and Flanders. He shows that the Hundred Years' War was won at sea, with Charles V reorganizing the Clos des Galées and Henry V making his fleet into a war machine.
La première rencontre en mer entre Capétiens et Plantagenêts s'est déroulée en Méditerranée à l'occasion de la troisième croisade. Jusque là, les Capétiens, gens du pays de France, ne s'étaient guère intéressés à la mer. Quant aux Plantagenêts, successeurs des rois normands, ils avaient, comme eux, abandonné la politique de maîtrise de la mer des anciens rois saxons. La Manche n'est qu'un simple channel au milieu de l'empire angevin. Tout va changer à la fin du XIIe siècle ; l'intrusion de la mer dans la donne politique et stratégique bouleversera le destin des deux grandes monarchies de l'Occident.
LA MER ENTRE EN SCÉNE
En route pour la troisième croisade, c'est à Vézelay que se retrouvent le Capétien, Philippe Auguste, et le Plantagenêt, Richard Coeur de Lion pour se donner rendez-vous à Messine au cours de l'été 1190. Le chef de cette armée navale, en route pour le Levant, est, nominalement, Philippe Auguste.