Rarement idéal poétique a été porté plus haut que celui, “enfant d'une nuit d'Idumée,” distillé dans les poèmes de Mallarmé; du moins ceux de la derniere période par lesquels, ayant cédé “l'initiative aux mots,” le Poete d'un meme mouvement decouvre et se fond à, “la notion pure.” II y a quelques années M. Albérès remarquait, a propos des exigences morales d'une génération représentée par les héros de Bernanos, Anouilh, Malraux, Julien Green, Camus ou Sartre, que notre époque, “à la suite d'autres époquès qui ont institué une morale de l'honneur, comme le treizieme siecle, ou une morale de la pudeur comme le dix-septième siècle,” institue à, son tour “une morale de la sincérité.” C'est-à-dire une morale fondée sur “un désir éperdu” d'authenticité absolue vis-a vis de soi-même, dans le bien comme dans le mal. Puisque M. Albérès nous invite à faire d'audacieux rapprochements avec d'autres epoques, il serait interessant d'opposer à cette “obsession de la sincérité” une obsession de la génération qui précéda celle de Sartre: l'obsession de la pureté.