Les événements particuliers susceptibles d’influencer le mouvement de la conjoncture économique se suivent à une allure rapide et s’imposent à notre examen. Dans notre chronique d’août, il nous incombait de supputer les réactions probables d’importantes augmentations de salaires et des congés payés; aujourd’hui que les premiers résultats chiffrés sont disponibles, les récentes dévaluations des monnaies française, hollandaise, suisse et italienne doivent être prises en considération. C’est à cette dernière question que nous nous attacherons dans notre introduction.
Pour apprécier froidement les événements, nous devons d’abord constater que ces dévaluations étaient attendues et que seule leur soudaineté, après de si longues résistances, a pu donner lieu à surprise. D’un point de vue international, elles étaient le correctif nécessaire à une situation déséquilibrée depuis 1931 ; elles peuvent donc être le signal d’une évolution plus harmonieuse des activités internationales. D’autre part, les avantages tactiques conquis par certaines industries belges en avril 1935 étaient manifestement exagérés et éphémères; nous ne pouvons chercher querelle à personne de situer sa monnaie à un étiage convenable par rapport à la livre sterling, comme nous l’avons fait nous-mêmes ; en dernière analyse, il vaut mieux qu’il en soit ainsi.
Sans juger, quant à leur opportunité, les décisions des gouvernements qui n’ont pas voulu lier leur monnaie à une nouvelle parité-or, nous devons évidemment regretter, à notre point de vue national, qu’une stabilité légale des monnaies des pays voisins ne nous soit pas assurée. Notre monnaie est l’amarre par rapport à laquelle les autres monnaies peuvent être manœuvrées, selon les circonstances ou les besoins de leurs pays respectifs.