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Sur le spectre des opérateurs rigides

Published online by Cambridge University Press:  01 March 2022

PIERRE MAZET
Affiliation:
Independent Scholar (e-mail: [email protected])
ERIC SAIAS*
Affiliation:
Sorbonne Université, Laboratoire de Probabilités, Statistique et Modélisation (LPSM) 4, place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France
Rights & Permissions [Opens in a new window]

Abstract

For any $r\in [0,1]$ we give an example of a rigid operator whose spectrum is the annulus $\{\lambda\in \mathbb{C} : r \le |\lambda| \le 1 \} $ . In particular, when $r=0$ this operator is rigid and non-invertible, and when $r\in {\kern1pt}] 0,1 [ $ this operator is invertible but its inverse is not rigid. This answers two questions of Costakis, Manoussos and Parissis [Recurrent linear operators. Complex Anal. Oper. Theory 8 (2014), 1601–1643].

Type
Original Article
Copyright
© The Author(s), 2022. Published by Cambridge University Press

1 Introduction

Soit E un espace vectoriel normé sur ${\mathbb {C}}$ . On appellera ici opérateur de E toute application linéaire continue $u$ de E dans E. Il est dit rigide (respectivement uniformément rigide) quand il existe une suite strictement croissante $(n_{k})_{k\ge 1}$ d’entiers telle que pour tout x de E, on a $\lim \nolimits _{k\rightarrow +\infty } u^{n_{k}}x=x$ (respectivement telle que $\lim \nolimits _{k\rightarrow +\infty } u^{n_{k}}={\rm id}_{E}$ dans l’espace vectoriel normé des opérateurs de E). On dira que $(n_{k})_{k\ge 1}$ est une suite de rigidité de $u$ (respectivement d’uniforme rigidité de $u$ ).

En 2014, Costakis, Manoussos et Parissis [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2] ont entrepris une étude systématique des opérateurs rigides et uniformément rigides. Ils passent notamment en revue des familles classiques d’opérateurs (certaines familles d’opérateurs diagonaux, certaines familles d’opérateurs de composition, etc) et pour chacune d’entre elles, ils donnent un critère de rigidité, voire d’uniforme rigidité. Ils se demandent en particulier à quelle condition nécessaire et suffisante un endomorphisme de dimension finie est rigide, et de même pour uniformément rigide.

Poser la question, c’est y répondre. Encore faut il la poser! C’est tout le mérite de Costakis, Manoussos et Parissis de l’avoir fait.

Cela les amène à effectuer une démarche en trois temps. En notant ${\mathbb {U}}=\{z\in {\mathbb {C}} : |z|=1\}$ et $\sigma (u)$ le spectre de $u$ , ils donnent donc d’abord la preuve (voir le theorem 4.1 et la remark 4.3 de [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2]) du théorème suivant.

Théorème CMP. Soit $u$ un endomorphisme d’un ${\mathbb {C}}$ espace vectoriel de dimension finie. Les conditions suivantes sont équivalentes:

  1. (i) $u$ est rigide;

  2. (ii) $u$ est uniformément rigide;

  3. (iii) $u$ est diagonalisable et $\sigma (u) \subset {\mathbb {U}}$ .

Ils se demandent ensuite dans quelle mesure ce résultat s’étend à la dimension infinie. Dans cette direction, ils montrent (voir la proposition 2.19 de [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2]) la proposition suivante.

Proposition CMP. Soit $u$ un opérateur uniformément rigide d’un espace de Banach complexe. Alors $\sigma (u) \subset {\mathbb {U}}$ .

(Nous donnons en Annexe 1 une preuve de ce résultat plus rapide que celle de [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2].)

Enfin quid des opérateurs rigides? La proposition CMP s’étend-elle à ceux-ci? Dans leur question 2.20 ils posent deux questions précises.

Question 1. Est-ce que tous les opérateurs rigides sont inversibles?

Question 2. Est-ce que pour tout opérateur rigide et inversible, son inverse est rigide?

La réponse aux deux questions est négative. On y répond en donnant des exemples qui montrent que la proposition CMP ne s’étend pas aux opérateurs rigides.

Plus précisément, on rappelle qu’un opérateur de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ est dit diagonal quand sa matrice infinie dans la base orthonormale canonique de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ est diagonale. Quand plus généralement, cette matrice est diagonale par blocs, tous finis, on dira que l’opérateur est diagonal par blocs. On a alors le théorème suivant.

Théorème. Pour tout $r\in [0,1]$ , il existe un opérateur diagonal par blocs de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ et rigide dont le spectre est $\{\lambda \in {\mathbb {C}} : r \le |\lambda | \le 1\}$ .

Pour $r=0$ , un tel opérateur est non inversible. Cela répond donc négativement à la Question $1$ . Signalons qu’après avoir prouvé notre théorème, nous avons été informés par Sophie Grivaux que l’existence d’opérateurs rigides dont le spectre est le disque unité fermé peut également être établie à partir du travail [Reference Grivaux and Roginskaya3].

Pour $r\in \, ]0,1[$ , l’inverse d’un tel opérateur n’est pas rigide. En effet son spectre est $\{\lambda \in {\mathbb {C}} : 1\le |\lambda | \le r^{-1}\}$ . Or on sait que le spectre d’un opérateur rigide est inclus dans le disque unité fermé (voir l’Annexe 2 pour une preuve rapide qui utilise le théorème de Banach and Steinhaus). Cela répond donc négativement à la Question $2$ .

Nous avons donc utilisé que le rayon spectral d’un opérateur rigide est inférieur ou égal à un. Il est facile d’en déduire que dès que le Banach n’est pas réduit au vecteur nul, le rayon spectral d’un opérateur rigide est égal à un.

Toujours pour tout opérateur rigide $u$ d’un Banach, on a de plus que

(1.1) $$ \begin{align} \text{toute composante connexe du spectre de } u \text{ rencontre le cercle unit}\acute{\mathrm{e}}. \end{align} $$

Cela découle facilement du théorème de décomposition de Riesz (theorem D.2.1 de l’appendice D.2 de [Reference Bayart and Matheron1]) comme l’ont montré Costakis, Manoussos et Parissis à la proposition 2.11 de [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2], sous une hypothèse plus faible que la rigidité. En réalité, la même argumentation avait déjà été utilisée par Kitai en 1982 pour établir que les opérateurs $u$ d’un Banach qui satisfont la propriété

(1.2) $$ \begin{align} u \text{ a au moins un vecteur d'orbite dense} \end{align} $$

vérifient également la propriété (1.1) (voir le theorem 1.18 de [Reference Bayart and Matheron1]). Signalons au passage que les opérateurs qui vérifient (1.2) sont appelés hypercycliques et que le livre [Reference Bayart and Matheron1] de Bayart et Matheron constitue l’ouvrage de référence pour leur étude générale.

Le spectre d’un opérateur diagonal de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ est égal à l’adhérence de son spectre ponctuel (voir le problem 63 de [Reference Halmos4]). Or il est immédiat que le spectre ponctuel d’un opérateur rigide est inclus dans ${\mathbb {U}}$ . On ne peut donc pas puiser dans les opérateurs diagonaux pour traiter les cas du théorème correspondant à $0\le r<1$ . Nos exemples montrent que cela devient possible quand on élargit aux opérateurs diagonaux par blocs de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ .

Notre construction d’opérateurs diagonaux par blocs mais non diagonaux donne également un exemple quand $r=1$ , mais il y a alors plus simple. En effet un opérateur diagonal de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ avec $e^{i\pi \mathbb {Q}}$ comme ensemble de ses éléments diagonaux est rigide de spectre ${\mathbb {U}}$ .

2 Une famille d’opérateurs en dimension finie

On désigne par $\Omega $ l’ensemble des triplets $\omega =(p,q,\alpha )$ $(p,q)\in \mathbb {N}^{*2}$ et $\alpha \in [1,+\infty [$ .

Pour tout $\omega $ de $\Omega $ , on note n l’entier et $\beta $ le réel appartenant à $]0,1]$ définis par

$$ \begin{align*} n=p+q \end{align*} $$

et

$$ \begin{align*} \alpha^{p}\ \beta^{q}=1. \end{align*} $$

Pour tout $\omega $ de $\Omega $ , on désigne par $\gamma =\gamma (\omega )$ le n-uplet $(\gamma _{1},\gamma _{2},\ldots ,\gamma _{n})=(\gamma _{1}(\omega ),\gamma _{2}(\omega ), \ldots ,\gamma _{n}(\omega ))$ défini par

$$ \begin{align*} \gamma_{j} = \bigg\{\!\! \begin{array}{ll} \alpha&(1\le j\le p),\\ \beta&(p+1\le j \le n). \end{array} \end{align*} $$

On désigne par $(e_{1},e_{2},\ldots ,e_{n})$ la base canonique de ${\mathbb {C}}^{n}$ .

Les opérateurs que nous étudions dans ce chapitre sont les endomorphismes $v=v_{\omega }$ de ${\mathbb {C}}^{n}$ définis par

$$ \begin{align*} v(e_{j})=\gamma_{j}\ e_{j+1} \quad (1\le j\le n) \end{align*} $$

avec la convention $e_{n+j}=e_{j}$ . On convient également que $\gamma _{n+j}=\gamma _{j}$ .

Lemme 2.1. Soit $\omega \in \Omega $ .

On a pour tous j et k vérifiant $1\le j\le n-1$ et $1\le k\le n$

$$ \begin{align*} \gamma_{k}\gamma_{k+1}\cdots \gamma_{k+j-1} \le \gamma_{1}\gamma_{2}\cdots \gamma_{j}. \end{align*} $$

Démonstration. On a

(2.1) $$ \begin{align} \gamma_{1}\ge \gamma_{2}\ge \cdots\ge \gamma_{n}. \end{align} $$

L’inégalité demandée est donc immédiate si $k+j-1\le n$ . Si $k+j-1>n$ , on a d’après (2.1)

$$ \begin{align*} \gamma_{\ell} \le \gamma_{\ell-(n-j)}\quad \mathrm{pour}\ k\le \ell\le n. \end{align*} $$

D’où

$$ \begin{align*} \gamma_{k}\gamma_{k+1}\cdots \gamma_{k+j-1} &=(\gamma_{k}\gamma_{k+1}\cdots \gamma_{n})(\gamma_{1}\gamma_{2}\cdots\gamma_{k+j-1-n})\\[3pt] &\le (\gamma_{k-n+j}\gamma_{k-n+j+1} \cdots\gamma_{j})(\gamma_{1}\gamma_{2}\cdots\gamma_{k+j-1-n})\\[3pt] &=\gamma_{1}\gamma_{2}\cdots\gamma_{j}.\\[-34pt] \end{align*} $$

Soit $\omega =(p,q,\alpha ) \in \Omega $ et $t>0$ . On note $\omega ^{2}=(p,q,\alpha ^{2})$ et

$$ \begin{align*} S(\omega,t)=t^{n-1} \sum_{j=0}^{n-1} \frac{\gamma_{1}\gamma_{2}\cdots \gamma_{j}}{t^{j}}. \end{align*} $$

Pour $\lambda \in {\mathbb {C}}$ , on note $\rho =|\lambda |$ .

Si $\lambda \not = 0$ , on note également pour $v=v_{\omega }$ ,

$$ \begin{align*} \psi_{\lambda}(v) = \lambda^{n-1}\sum_{j=0}^{n-1} \bigg(\frac{v}{\lambda}\bigg)^{j}. \end{align*} $$

On munit de plus ${\mathbb {C}}^{n}$ de sa structure usuelle d’espace hermitien qui fait de la base $(e_{j})_{1 \le j\le n}$ une base orthonormale.

Lemme 2.2. Soient $\omega \in \Omega $ , $\lambda \in {\mathbb {C}}^{*}$ et $1\le j\le n-1$ . On a alors pour $v=v_{\omega }$ ,

(2.2) $$ \begin{align} le\ polyn\hat{o}me\ minimal\ de\ v\ est\ X^{n}-1,\end{align} $$
(2.3) $$ \begin{align} (v-\lambda {\kern2pt}{\rm id})\psi_{\lambda}(v) = (1-\lambda^{n}){\rm id},\end{align} $$
(2.4) $$ \begin{align} \|v^{j}\| = \|v^{j}(e_{1})\| = \gamma_{1}\gamma_{2}\cdots \gamma_{j},\end{align} $$
(2.5) $$ \begin{align} \|\psi_{\lambda}(v)\| \le S(\omega,\rho),\end{align} $$
(2.6) $$ \begin{align} \|\psi_{\lambda}(v)(e_{1})\|^{2} = S(\omega^{2},\rho^{2}). \end{align} $$

Démonstration. On a $\gamma _{1}\gamma _{2}\cdots \gamma _{n}=1$ . On en déduit que $v$ permute circulairement les vecteurs de la base $(e_{1},\gamma _{1}e_{2}, \gamma _{1}\gamma _{2}e_{3},\ldots , \gamma _{1}\gamma _{2}\cdots \gamma _{n-1}e_{n})$ de ${\mathbb {C}}^{n}$ . D’où (2.2).

On a

$$ \begin{align*} v\psi_{\lambda}(v)=\lambda^{n} \sum_{j=1}^{n}(v/\lambda)^{j} = \lambda\psi_{\lambda}(v)+v^{n} -\lambda^{n} {\rm id} = \lambda\psi_{\lambda}(v)+(1-\lambda^{n}){\rm id} \end{align*} $$

d’après (2.2). Cela entraîne (2.3).

On a $\|v^{j}e_{1}\| = \gamma _{1}\gamma _{2}\cdots \gamma _{j}$ , d’où $\|v^{j}\| \ge \gamma _{1}\gamma _{2}\cdots \gamma _{j}$ . Par ailleurs on a

$$ \begin{align*} \bigg\|v^{j}\bigg(\displaystyle\sum_{k=1}^{n} x_{k}e_{k}\bigg)\bigg\|^{2} &=\bigg\|\displaystyle\sum_{k=1}^{n} x_{k} \gamma_{k}\gamma_{k+1}\cdots \gamma_{k+j-1}e_{k+j}\bigg\|^{2}\\ &= \displaystyle\sum_{k=1}^{n} (\gamma_{k}\gamma_{k+1} \cdots \gamma_{k+j-1} |x_{k}|)^{2} \le (\gamma_{1}\gamma_{2} \cdots \gamma_{j})^{2} \displaystyle\sum_{k=1}^{n} |x_{k}|^{2} \end{align*} $$

d’après le lemme 2.1 On a donc aussi $\|v^{j}\| \le \gamma _{1}\gamma _{2}\cdots \gamma _{j}$ , ce qui permet d’achever la preuve de (2.4).

En utilisant (2.4), on a

$$ \begin{align*} \|\psi_{\lambda}(v)\|\le \rho^{n-1} \displaystyle\sum_{j=0}^{n-1} \|v^{j}\|/\rho^{j} = \rho^{n-1} \displaystyle\sum_{j=0}^{n-1} \frac{\gamma_{1}\gamma_{2}\cdots\gamma_{j}}{\rho^{j}} = S(\omega,\rho). \end{align*} $$

ce qui montre (2.5). Enfin la formule (2.6) est immédiate.

3 Endomorphismes de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ et opérateurs de $\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ , diagonaux par blocs

On pose $\ell ^{2}:=\ell ^{2}(\mathbb {N}^{*})$ et on note $(\delta _{r})_{r\ge 1}$ sa base orthonormale canonique définie par

$$ \begin{align*} \delta_{r}(j) = \bigg\{\!\! \begin{array}{rl} 1 &\mathrm{si}\ j=r,\\ 0 &\mathrm{si}\ j\not= r. \end{array} \end{align*} $$

Pour alléger les notations, on écrit $\ll k\gg $ à la place de $\ll k\ge 1\gg $ . On choisit une suite $n(1),n(2),\ldots $ d’entiers de $\mathbb {N}^{*}$ et on définit $s(1)$ , $s(2),\ldots $ par les formules

(3.1) $$ \begin{align} s(1)=1 \end{align} $$

et pour tout k

(3.2) $$ \begin{align} s(k+1)-s(k)=n(k). \end{align} $$

On note

(3.3) $$ \begin{align} E_{k} = {\rm Vect}\{\delta_{r} :s(k) \le r<s (k+1)\}. \end{align} $$

On choisit pour tout k un endomorphisme $v_{k}$ de $E_{k}$ . En écrivant un vecteur générique y de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ sous la forme

$$ \begin{align*} y= \sum_{k} y_{k} \end{align*} $$

avec $y_{k}\in E_{k}$ , on définit un endomorphisme $v$ de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ par la formule

$$ \begin{align*} v(y) = \sum_{k} v_{k}(y_{k}). \end{align*} $$

On dira que $v$ est l’endomorphisme diagonal par blocs de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ défini par les endomorphismes $v_{k}$ .

Dans le cas où $v(\ell ^{2}) \subset \ell ^{2}$ , on note $u=v_{|\ell ^{2}}$ la restriction de $v$ à $\ell ^{2}$ , à la fois pour l’espace de départ et l’espace d’arrivée. On verra alors que $u$ est automatiquement continu. On dira que $u$ est l’opérateur diagonal par blocs de $\ell ^{2}$ défini par les endomorphismes $v_{k}$ .

Le lemme suivant précise tout cela. Il généralise le cas des opérateurs diagonaux traité dans l’excellent livre [Reference Halmos4] de Halmos sur les Hilbert, aux problèmes 61 et 62.

Lemme 3.1. Soit $v$ un endomorphisme diagonal par blocs de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ défini par des endomorphismes $v_{k}$ . Les conditions suivantes sont équivalentes:

  1. (i) $v(\ell ^{2}) \subset \ell ^{2}$ ;

  2. (ii) $\sup \nolimits _{k} \|v_{k}\| <+\infty $ .

Quand ces conditions sont réalisées, on a pour $u:=v_{|\ell ^{2}}$ :

  1. (iii) $ \left\{ \begin {array}{ll} u \ {\it est}\ {\it continu}\\ et\\ \|u\| = \sup \limits _{k} \|v_{k}\|.\end {array}\right. $

Démonstration. (i) $\Rightarrow $ (ii) On raisonne par l’absurde; on suppose donc que $\sup \nolimits _{k} \|v_{k}\|=+\infty $ .

On extrait une sous-suite $k_{n}$ pour laquelle $\|v_{k_{n}}\|\ge n$ pour tout n. En choisissant y avec $\|y_{k}\|=1/n$ et $\|v_{k}(y_{k})\| =\|v_{k}\|\cdot \|y_{k}\|$ quand $k=k_{n}$ , et $y_{k}=0$ sinon, on voit que $y\in \ell ^{2}$ et $v(y)\notin \ell ^{2}$ . Donc $v(\ell ^{2})\not \subset \ell ^{2}$ .

(ii) $\Rightarrow $ [(i) et (iii)] Soit $y\in \ell ^{2}$ . On a

$$ \begin{align*} \sum_{k} \|v(y_{k})\|^{2} \le \sum_{k} \|v_{k}\|^{2} \cdot \|y_{k}\|^{2} \le \sup_{k} \|v_{k}\|^{2} \cdot \|y\|^{2}. \end{align*} $$

Donc avec (ii), $v(\ell ^{2}) \subset \ell ^{2}$ , $u=v_{|\ell ^{2}}$ est continu et

$$ \begin{align*} \|u\| \le \sup_{k} \|v_{k}\|. \end{align*} $$

Par ailleurs, en considérant, pour chaque k, un vecteur $y_{k}$ de $E_{k}$ qui vérifie $\|y_{k}\| =1$ et $\|v_{k}(y_{k})\|=\|v_{k}\|$ , on a

$$ \begin{align*} \|u\| \ge \sup_{k} \|v_{k} (y_{k})\| = \sup_{k} \|v_{k}\|. \\[-42pt] \end{align*} $$

Dans les deux lemmes suivants on suppose vérifiée la condition (ii) du lemme 3.1. La condition (i) est donc vérifiée et la lettre $u$ désignera implicitement l’opérateur diagonal par blocs $u=v_{|\ell ^{2}}$ .

Lemme 3.2. Soit $v$ un endomorphisme diagonal par blocs de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ défini par des endomorphismes $v_{k}$ , tel que

$$ \begin{align*} \sup_{k} \|v_{k}\| <+\infty. \end{align*} $$

Les conditions suivantes sont équivalentes:

  1. (i) $u$ est inversible;

  2. (ii) pour tout k, $v_{k}$ est inversible, et

    $$ \begin{align*} \sup_{k} \|v_{k}^{-1}\| <+\infty. \end{align*} $$
    Quand ces conditions sont réalisées, on a aussi
  3. (iii) $\|u^{-1}\| = \sup _{k} \|v_{k}^{-1}\|$ .

Démonstration. (i) $\Rightarrow $ [(ii) et (iii)] Supposons (i). On a alors pour tout k

$$ \begin{align*} \ker v_{k} \subset \bigg(\prod_{j\ge 1} \ker v_{j}\bigg) \cap \ell^{2} = (\ker v) \cap \ell^{2} = \ker u=\{0\}. \end{align*} $$

Donc $v_{k}$ est inversible. On en déduit que $v$ est inversible et

(3.4) $$ \begin{align} v^{-1} = (v_{k}^{-1})_{k}. \end{align} $$

Soit maintenant $y\in \ell ^{2}$ . Notons $x=u^{-1}(y)$ . On a $v^{-1}(y) =v^{-1}(u(x)) =x\in \ell ^{2}$ . Donc $v^{-1}(\ell ^{2})\subset {\ell }^{2}$ et ${v^{-1}}_{|\ell ^{2}}={(v_{|\ell ^{2}})}^{-1}$ . En appliquant le lemme 3.1 à $v^{-1}$ , on a donc avec (3.4) que $\sup \nolimits _{k} \|{v_{k}}^{-1}\| <+\infty $ , ${v^{-1}}_{|\ell ^{2}}$ est continu et

$$ \begin{align*} \|u^{-1}\| = \|v^{-1}{}_{|\ell^{2}}\| = \sup_{k} \|v_{k}^{-1}\|. \end{align*} $$

(ii) $\Rightarrow $ (i) Supposons (ii). On a alors $v$ inversible et (3.4) est vérifié. En appliquant le lemme 3.1 à $v$ , on a $v(\ell ^{2}) \subset \ell ^{2}$ et $u$ est continu. En l’appliquant cette fois à $v^{-1}$ , on a $v^{-1}(\ell ^{2}) \subset \ell ^{2}$ et $u^{-1}$ est continu. Il découle de tout cela que $u$ est inversible d’inverse $v^{-1}{}_{|\ell ^{2}}$ .

On déduit immédiatement du lemme 3.2 le critère suivant d’appartenance au spectre.

Lemme 3.3. Soit $v$ un endomorphisme diagonal par blocs de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ défini par des endomorphismes $v_{k}$ , tel que

$$ \begin{align*} \sup_{k} \|v_{k}\| <+\infty. \end{align*} $$

Soit $\lambda \in {\mathbb {C}}$ .

Les conditions suivantes sont équivalentes:

  1. (i) $\lambda \in \sigma (u)$ ;

  2. (ii) $ \left\{ \begin {array}{ll} \lambda \in \bigcup \limits _{k} \sigma (v_{k})\\ ou\\ \lambda \notin \bigcup \limits _{k} \sigma (v_{k})\ et\ \sup \limits _{k} \|(v_{k}-\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| =+\infty. \end {array}\right. $

Remarque 1. Dans le cas particulier des opérateurs diagonaux, le critère (ii) s’écrit de manière plus simple

$$ \begin{align*} \lambda\in \overline{\bigcup_{k} \sigma(v_{k})} \end{align*} $$

(voir le problème 63 de [Reference Halmos4]).

Remarque 2. Lorsque $v$ n’est pas pas inversible, écrivons par convention $\|v^{-1}\|=+\infty $ . On peut alors écrire (ii) sous la forme plus concise,

  1. (ii)’ $ \sup _{k} \|(v_{k} -\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| = +\infty. $

4 Une famille d’opérateurs diagonaux par blocs

On se donne une suite $\omega =(\omega (k))_{k\ge 3}=(\omega _{p(k),q(k),\alpha (k)})_{k\ge 3}$ d’éléments de l’ensemble $\Omega $ du chapitre 2. On pose $n(1)=n(2)=1$ et $n(k)=p(k)+q(k)$ pour $k\ge 3$ . On définit les sous-espaces $E_{k}$ pour $k\ge 1$ par (3.1), (3.2) et (3.3).

Pour tout $k\ge 3$ , on identifie ${\mathbb {C}}^{n(k)}$ à $E_{k}$ en envoyant la base canonique $(e_{1},e_{2},\ldots , e_{n(k)})$ de ${\mathbb {C}}^{n(k)}$ sur la base $(\delta _{s(k)},\delta _{s(k)+1},\ldots ,\delta _{s(k+1)-1})$ de $E_{k}$ . On définit alors l’endomorphisme diagonal par blocs $v$ de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ par $v_{1}={\rm id}_{|E_{1}}$ , $v_{2}={\rm id}_{|E_{2}}$ et $v_{k}=v_{\omega (k)}$ pour tout $k\ge 3$ . On dit que $v$ est associé à $\omega $ .

Lemme 4.1. Soit $\omega =(\omega _{p(k),q(k),\alpha (k)})_{k\ge 3}$ une suite d’éléments de $\Omega $ telle que la suite $(\alpha (k))_{k\ge 3}$ est bornée.

Alors l’endomorphisme par blocs $v$ de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ associé à $\omega $ laisse stable $\ell ^{2}$ et $u:=v_{|\ell ^{2}}$ est continu.

Démonstration. Cela découle de la combinaison du lemme 3.1 avec le point (2.4) du lemme 2.2 avec $j=1$ .

Notations. Dans les chapitres 5 et 6 qui suivent, une fois donnée une telle suite $\omega $ d’éléments de $\Omega $ , on continuera à désigner par $v$ l’endomorphisme diagonal par blocs de ${\mathbb {C}}^{\mathbb {N}^{*}}$ associé à $\omega $ , et par $u$ l’opérateur diagonal par blocs de $\ell ^{2}$ défini par $u=v_{|\ell ^{2}}$ .

5 Spectre

Lemme 5.1. Soit $\omega =(\omega (k))_{k\ge 3}=(\omega _{p(k),q(k),\alpha (k)})_{k\ge 3}$ une suite d’éléments de $\Omega $ telle que

(5.1) $$ \begin{align} \mathit{la\ suite\ }n(k)\ \textrm{n'est pas born}\acute{\mathrm{e}}\textrm{e} \end{align} $$

et

(5.2) $$ \begin{align} \lim_{k\rightarrow +\infty} \alpha(k) =1. \end{align} $$

Alors

$$ \begin{align*} \sigma(u) =\{\lambda \in {\mathbb{C}} : r \le |\lambda| \le 1\} \end{align*} $$

$$ \begin{align*} r=\sup \{s\in [0,1] : \mathit{la\ suite\ } (\alpha(k)^{p(k)} s^{q(k)})_{k\ge3}\ \textrm{est born}\acute{\mathrm{e}}\textrm{e}\}. \end{align*} $$

Dans la suite de cet article et en particulier pour la preuve de ce lemme, on utilise les notations suivantes. Soient f et g deux fonctions définies sur une partie D de $\mathbb {R}^{d}$ à valeurs dans $\mathbb {R}^{+*}$ . On note $f\ll g$ (respectivement $f\gg g$ ) pour signifier qu’il existe un réel positif K tel que pour tout élément x de D, on a $f(x)\le Kg(x) (\mathrm {respectivement} f(x) \ge Kg(x))$ . Si K dépend d’un paramètre $\eta $ , c’est-à-dire est une fonction de $\eta $ , on écrira par exemple $f\ll _{\eta } g$ à la place de $f\ll g$ .

Démonstration. C’est la combinaison du lemme 4.1 avec l’hypothèse (5.2), qui assure que $u$ est bien défini et continu.

D’après le point (2.2) du lemme 2.2, on a

(5.3) $$ \begin{align} \bigcup_{k\ge1} \sigma(v_{k}) = \bigcup_{k\ge1} \{z\in {\mathbb{C}} : z^{n(k)}=1\}. \end{align} $$

Soit $\lambda \in {\mathbb {C}}$ . On va maintenant discuter suivant les propriétés conjointes de $\rho :=|\lambda |$ et de la suite $(\omega (k))_{k\ge 3} = (p(k),q(k),\alpha (k))_{k\ge 3}$ .

1 $^{\mathrm {er}}$ cas. $\rho>1$ . En utilisant successivement les formules (2.3) et (2.4) du lemme 2.2, et l’hypothèse (5.2), on a

$$ \begin{align*} \|(v_{k}-\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| &= \dfrac{\|\psi_{\lambda}(v_{k})\|}{|1-\lambda^{n(k)}|} \ll_{\rho}\displaystyle \sum_{j=0}^{n(k)-1} \frac{\|v_{k}^{j}\|}{\rho^{j}} \\ &=\displaystyle\sum_{j=0}^{n(k)-1} \frac{\gamma_{1}(\omega(k))\gamma_{2}(\omega(k))\cdots\gamma_{j}(\omega(k))}{\rho^{j}} &\le \displaystyle\sum_{j=0}^{n(k)-1}\bigg(\dfrac{\alpha(k)}{\rho}\bigg)^{j} \ll_{\rho}\ 1. \end{align*} $$

En utilisant (5.3) et le lemme 3.3, on en déduit que

(5.4) $$ \begin{align} \textrm{le rayon spectral de }u \ \textrm{est}\ \acute{\mathrm{e}}\textrm{gal}\ \grave{\mathrm{a}}\ \textrm{un.} \end{align} $$

Pour les 2 $^{\grave{\mathrm{e}}\textrm {me}}$ et 3 $^{\grave{\mathrm{e}}\textrm {me}}$ cas, on note

$$ \begin{align*} \tilde{r} = \sup\{s\in [0,1] : \mathrm{la\ suite\ } \alpha(k)^{p(k)}s^{q(k)}\textrm{ est born}\acute{\mathrm{e}}\textrm{e}\}. \end{align*} $$

2 $^{\textrm{i}\grave{{e}}{me}}$  cas. $0<\rho <1$ et la suite $\alpha (k)^{p(k)}\rho ^{q(k)}$ n’est pas bornée. En utilisant successivement les formules (2.3) et (2.6) du lemme 2.2 on a

$$ \begin{align*} \|(v_{k}-\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| &\gg_{\rho} \|\psi_{\lambda}(v_{k})\| \ge \|\psi_{\lambda}(v_{k})(e_{1})\|\\[3pt] &= S^{1/2}(\omega(k)^{2},\rho^{2})\ge \alpha(k)^{p(k)} \rho^{q(k)-1}. \end{align*} $$

Donc $\sup \nolimits _{k\ge 1}\|(v_{k}-\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| =+\infty $ .

Avec le lemme 3.3, on en déduit que

(5.5) $$ \begin{align} \tilde{r} < |\lambda| <1 \Longrightarrow \lambda \in \sigma(u). \end{align} $$

3 $^{\grave{{e}}{me}}$  cas. Pour un certain réel $\gamma $ , on a $0\le \rho <\gamma <1$ et la suite $\alpha (k)^{p(k)}\gamma ^{q(k)}$ est bornée. Si $\rho =0$ , on a en utilisant successivement les formules (2.2) et (2.4) du lemme 2.2,

$$ \begin{align*} \|v_{k}^{-1}\| = \|v_{k}^{n(k)-1}\| &= \gamma_{1}(\omega(k))\gamma_{2}(\omega(k)) \cdots \gamma_{n(k)-1}(\omega(k))\\[3pt] &= 1/\beta(k) = \alpha(k)^{p(k)/q(k)}\\[3pt] &= \dfrac{1}{\gamma} (\alpha(k)^{p(k)} \gamma^{q(k)})^{1/q(k)} \ll_{\gamma} 1. \end{align*} $$

Si maintenant $\rho \not = 0$ , il existe un grand $M>1$ et un petit $\delta>0$ tels que si

(5.6) $$ \begin{align} q(k)\ge M \end{align} $$

alors

(5.7) $$ \begin{align} \rho /\beta(k) = (\alpha(k)^{p(k)}\gamma^{q(k)})^{1/q(k)} \rho/\gamma < 1-\delta. \end{align} $$

En utilisant successivement les formules (2.3) et (2.5) du lemme 2.2 on a

$$ \begin{align*} \|(v_{k} -\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| &\ll_{\rho} \|\psi_{\lambda}(v_{k})\| \le S(\omega_{k},\rho)\\ &\ll_{\rho} Q:= \alpha(k)^{p(k)}\rho^{q(k)} \displaystyle \sum_{j=0}^{q(k)-1}(\beta(k)/\rho)^{j}. \end{align*} $$

On a de plus $Q\ll _{\rho } 1$ . En effet pour les k tels que l’on a (5.6), cela résulte de (5.7). Et quand (5.6) n’est pas vérifiée, la somme dans Q est bornée, ainsi que la suite $\alpha (k)^{p(k)}\rho ^{q(k)}$ .

On déduit de tout cela que si $0\le \rho <\tilde {r}$ , alors $\|(v_{k}-\lambda {\kern2pt}{\rm id})^{-1}\| \ll _{\rho }\, 1$ . En combinant avec (5.3) et le lemme 3.3, on obtient que

(5.8) $$ \begin{align} 0\le |\lambda| <\tilde{r} \Rightarrow \lambda\notin \sigma(u). \end{align} $$

Par ailleurs on a $\sigma (v_{k}) \subset \sigma (u)$ pour tout $k\ge 1$ . D’où avec (5.3)

(5.9) $$ \begin{align} \bigcup_{k\ge 1} \{z \in {\mathbb{C}} : z^{n(k)}= 1\} \subset \sigma(u). \end{align} $$

On conclut la preuve du lemme 5.1, en utilisant l’hypothèse (5.1) et les propriétés du spectre $\sigma (u)$ que sont sa compacité, (5.4), (5.5), (5.8) et (5.9).

6 Rigidité

Lemme 6.1. Soit $(p{(k),\alpha (k)})_{k\ge 3}$ une suite d’éléments de $\mathbb {N}^{*}\times [1,+\infty [$ avec pour tout $k\ge 3$ , $(k-1)!\le p(k)<k!$ , $\alpha (k)$ décroissante et $\alpha (k+1)=1+O({1}/{k!})$ . On note $\omega =(\omega _{p(k),k!-p(k),\alpha (k)})_{k\ge 3}$ . Alors $u$ est rigide de suite de rigidité $\ell !$ .

Démonstration. C’est la combinaison du lemme 4.1 avec la décroissance de $\alpha (k)$ , qui assure que $u$ est bien défini et continu.

Soit $y\in \ell ^{2}$ . On a en utilisant successivement les formules (2.2) et (2.4) du lemme 2.2, l’hypothèse sur $p(k)$ et les deux hypothèses sur $\alpha (k)$ ,

$$ \begin{align*} \|(u^{\ell!}-{\rm id})y\|^{2} &= \displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} \|(v_{k}^{\ell!}-{\rm id})y_{k}\|^{2}\\ &\le \displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} \|v_{k}^{\ell!}-{\rm id}\|^{2} \|y_{k}\|^{2} \le 4 \displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} \|v_{k}^{\ell!}\|^{2}\ \|y_{k}\|^{2}\\ &=4 \displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} (\alpha(k))^{2\ell!} \|y_{k}\|^{2} \le 4 (\alpha(\ell+1))^{2\ell!} \displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} \|y_{k}\|^{2}\\ &\ll\displaystyle\sum_{k\ge \ell+1} \|y_{k}\|^{2}. \end{align*} $$

On a donc $\lim \nolimits _{\ell \rightarrow +\infty } u^{\ell !}y=y$ .

7 Preuve du théorème

Pour tout $r\in [0,1]$ , on choisit l’opérateur par blocs $u=v_{|\ell ^{2}}$ $v$ est associé à

$$ \begin{align*} \omega=(\omega_{p(k),q(k),\alpha(k)})_{k\ge 3}\ \mathrm{avec}\ p(k) +q(k)=k! \end{align*} $$

et

$$ \begin{align*} (q(k),\alpha(k)) = \left\{ \begin{array}{ll} \bigg(k,1+\dfrac{\log(1/r)}{(k-1)!}\bigg) &\mathrm{si} \ 0<r\le 1,\\\\[-5pt] \bigg(1,1+\dfrac{1}{(k-1)!}\bigg) &\mathrm{si}\ r=0. \end{array} \right. \end{align*} $$

C’est en combinant les lemmes 5.1 et 6.1 que l’on vérifie que ce choix permet d’établir le théorème.

Remerciements

Nous remercions Etienne Matheron de nous avoir signalé l’article [Reference Costakis, Manoussos and Parissis2] de Costakis, Manoussos et Parissis, et Sophie Grivaux de nous avoir informé du lien entre son article [Reference Grivaux and Roginskaya3] avec Maria Roginskaya et le présent travail.

A Annexe

On utilisera pour cette annexe la notation

$$ \begin{align*} \overline{D(z_{0},r)} = \{z\in {\mathbb{C}} : |z -z_{0}| \le r\}. \end{align*} $$

A.1 Preuve alternative de la Proposition CMP

Soit $u$ un opérateur d’un Banach et $n\ge 1$ tels que

(A.1) $$ \begin{align} \|u^{n} -{\rm id}\| \le 1/2. \end{align} $$

On a alors

$$ \begin{align*} \sigma(u^{n}-{\rm id}) \subset \overline{D(0,1/2)} \end{align*} $$

d’où

$$ \begin{align*} \sigma(u^{n}) \subset \overline{D(1,1/2)} \subset \{z \in {\mathbb{C}} : 1/2 \le |z| \le 3/2\} \end{align*} $$

et

(A.2) $$ \begin{align} \sigma (u) \subset \{z \in {\mathbb{C}} : (1/2)^{1/n} \le |z| \le (3/2)^{1/n}\}. \end{align} $$

Maintenant si $u$ est uniformément rigide, il existe des entiers n arbitrairement grands vérifiant (A.1) et donc aussi (A.2). On en déduit que $\sigma (u) \subset {\mathbb {U}}$ .

A.2 Rayon spectral d’un opérateur rigide

Il résulte immédiatement d’un résultat de Müller de 1986 (voir theorem de [Reference Müller5]) que l’on a l’énoncé suivant.

Théorème M. Le rayon spectral d’un opérateur rigide est inférieur ou égal à un.

Preuve alternative du théorème M. Soit $u$ un opérateur rigide d’un Banach de suite de rigidité $(n_{k})_{k\ge 1}$ . Alors pour tout élément x de E, la suite de vecteurs $(u^{n_{k}}x)_{k\ge 1}$ est bornée. D’après le théorème de Banach and Steinhaus, il existe un réel positif M tel que pour tout $k\ge 1$ ,

$$ \begin{align*} \|u^{n_{k}}\| \le M. \end{align*} $$

On procède alors comme dans § A.1: on en déduit d’abord que pour tout $k\ge 1$ ,

$$ \begin{align*} \sigma(u^{n_{k}}) \subset \overline{D(0,M)}, \end{align*} $$

puis

$$ \begin{align*} \sigma(u) \subset \overline{D(0,M^{1/n_{k}})}. \end{align*} $$

On conclut en faisant tendre k vers $+\infty $ .

Footnotes

Pour Mustapha Krazem, à l’occasion de son soixantiéme anniversaire

References

Bayart, F. and Matheron, E.. Dynamics of Linear Operators (Cambridge Tracts in Mathematics, 179).Cambridge University Press, Cambridge, 2009.CrossRefGoogle Scholar
Costakis, G., Manoussos, A. and Parissis, I..Recurrent linear operators. Complex Anal. Oper. Theory 8 (2014),16011643.CrossRefGoogle Scholar
Grivaux, S. and Roginskaya, M.. On Read’s type operators on Hilbert spaces. Int. Math. Res.Not. IMRN 2008 (2008), rnn083.Google Scholar
Halmos, P.. A Hilbert Space Problem Book (Graduate Texts inMathematics, 19), 2nd edn. Springer-Verlag, New York,1982.CrossRefGoogle Scholar
Müller, V.. Local spectral radius formula for operators in Banachspaces. Czechoslovak Math. J. 38 (1988),726729.CrossRefGoogle Scholar