L'état sanitaire du royaume ayant élé, pendant le cours de cette année, comme pendant l'année précédente, tout à fait normal, l'activité de la Société a dù se borner à des travaux d'administration intérieure, ainsi qu'à des essais, heureux d'ailleurs, d'organisation, dans le pays, de sous comités qui pourront, en cas de besoin, servir d'intermédiaires entre le Comité central et la population. La Société a eu la satisfaction de pouvoir mener à bonne fin la construction du bâtiment qu'elle avait entrepris à Nisch. Ce bâtiment, qui sert actuellement de remise aux 64 voitures d'ambulance dont se compose le train d'équipage de la Société, pourra, en temps de guerre, être employé comme hôpital de 120 lits. Aussitòt après son inanguration solennelle, en présence des autorités militaires, religieuses et civiles, cet édifice a été utilisé pour le but auquel il est destiné. Il a coûté à la Société une somme de 61,588 francs.

Depuis sa reconstitution en 1886, tous les efforts de la Société suisse ont tendu à augmenter le nombre de ses membres. Des appels rédigés dans les trois langues nationales ont été répandus dans toute la Suisse; des circulaires spéciales ont été adressées aux communes et aux autorités, ainsi qu'à des personnes influentes, pour les engager à recruter des adhérents à la Société. Les listes d'adhésion sont rentrées lentement; le résultat général a cependant été encourageant, car la Société qui, à la fin de 1886, ne comptait que 700 membres environ, avait reçu, en automne 1887, plus de 3,500 adhésions; ce nombre s'est encore accru depuis cette époque. Il faut reconnaître que les craintes de guerre qui s'étaient manifestées en 1886 et 1887 contribuèrent à ce résultat, et que le recrutement a été plus lent depuis que la politique européenne est entrée dans une phase plus pacifique. Le Comité central a continué activement sa propagande et il ne cesse d'insister vivement sur ce qu'il faut faire tous les préparatifs et s'organiser complètement en temps de paix.

Le présent rapport porte sur l'activité de la Société de la Croix-Rouge suédoise et de sa branche samaritaine, ainsi que sur l'administration el l'emploi de leurs fonds, depuis l'assemblée générale du 9 décembre 1887 jusqu'a celle de ce jour.

Nous devons dire quelques mots, dans ce Bulletin, d'un incident administratif qui s'est produit au sein du Comité central du Croissant-Rouge et anquel le Comité international a été mêlé. Cet incident ayant pris fin, nous n'en parlerions pas, si l'affaire n'avait eu un certain retentissement dans la presse turque et étrangère, et si le rô1e qu'y a joué le Comité international n'avait été mal compris. Il nous importe de bien établir la nature de notre intervention dans cette circonstance, afin de dissiper les doutes qui pourraient s'élever, et qui même se sont déjà élevés à son sujet. Voici les faits.