La correspondance qui suit est écrite sous l'impression du deuil profond dans lequel a été plongée l'Allemagne entière par suite de la mort de son bien aimé empereur, car, bien que plusieurs semaines se soient déjà écoulées depuis cet événement qui a ému le monde entier, ce deuil domine cependant encore lous les esprits avec la même puissance et la même vivacité.

M. de Knesebeck vient de publier un discours qu'il a prononcé le 7 avril 1888, dans l'assemblée des délégués du Frauenverein (Société de Dames) allemand. L'auteur, qui avait été l'un des représentants de la Société prussienne de la Croix-Rouge à la Conférence internationale de Carlsruhe, a entretenu ses auditeurs de cette importante réunion. Il n'a cependant point visé à leur donner une idée complète des discussions qui y ont eu lieu, discussions dont un compte rendu détaillé a été imprimé. Il s'est borné à en faire connaître les décisions les plus importantes, celles qui peuvent avoir le plus de conséquences pratiques. Rappelons-les à notre tour, en prenant pour guide l'honorable conférencier de Berlin, quoique nous leur ayons déjà consacré un article spécial dans un précédent Bulletin. Cette répétition nous sera sans doute facilement pardonnée et pourra avoir son utilité.

Nous rfrant notre circulaire du 10 janvier dernier, qui accompagnait le programme du concours ouvert sur le meilleur amnagement intrieur d'un lazaret transportable, l'occasion de la quatrime confrence internationale de Carlsrube, par S. M. l'impratrice-reine Augusta, nous venons annoncer que le nombre des personnes qui ont dclar, dans le dlai fix, vouloir participer ce concours est peu prs insignifiant, et que, en consquence, on ne saurait obtenir le rsultat qu'on esprait de ce concours, lequel, ainsi que cela rsulte du programme, devait avoir lieu au mois de septembre Bruxelles.

Le Comité central allemand a épronvé, il y a quelques mois, une perte donlonrense, à laquelle s'associeront toutes les personnes qui s'intéressent à l'œuvre de la Croix-Rouge. L'un de ses plus anciens membres, l'un des plus zélés et des plus justement estimés, le Dr B. von Langenbeck, est mort à Wiesbaden, le 29 septembre 1887.

Le Comité central a continué son œuvre conformément aux principes suivis jusqu'ici. Les infirmières de la Société ayant été moins recherchées en 1886 qu'auparavant, le Comité résolut de restreindre provisoirement le nombre des éléves, jusqu'à ce qu'on vît si cet état de choses était permanent. Par conséquent, une élève seulement a été reçue infirmière en 1887. Dans le courant de l'année, le service des infirmières ayant égalé au moins celui de 1884 et 1885, six nouvelles élèves furent admises à l'hòpital pour y faire leur éducation. L'une de celles-ci a dû quitter le service pour des raisons de santé, de sorte que maintenant on fait l'éducation de cinq infirmières.

Le rapport que présente le Comité central des Associations autrichiennes, sur son administration pendant l'exercice 1887–1888 (du 1er mars 1887 au 29 février 1888), constate que la plupart des mesures qui avaient été prescrites, dans le domaine des préparatifs à faire en temps de paix, approchent de leur achèvement. Les résultats très satisfaisants, auxquels le Comité est arrivé, n'ont pu être obtenus que grâce à la collaboration dévouée des fonctionnaires de l'Association et à l'appui actif et intelligent des Associations locales, ainsi qu'à celni des Sociétés de Dames.

Le Kriegerheil (décembre 1887) publie, en entier, le texte de l'ordonnance du 3 septembre 1887, dont il est question dans notre correspondance de Berlin, et qui régira dorénavant, en Allemagne, le fonctionnement des secours volontaires. Ce document, qui, ainsi que le fait remarquer notre correspondant, est de la plus haute importance pour la Croix-Rouge allemande, a été porté à la connaissance de toutes les associations allemandes de secours aux militaires blessés et malades, par une circulaire du Comité central de Berlin. Ne pouvant, vu la spécialité de son objet et son étendue, en donner ici une traduction complète, nous devons nous borner à en indiquer les traits généraux.

Nous avons l'honneur de vous informer que, par ukase no 470, du 28 décembre 4887 v. s., S. A. R. le prince de Bulgarie a daigné nommer M. le Dr P. Mintchovitch président de notre Société de la Croix-Rouge.

Le ministère austro-hongrois de la guerre a donné son approbation, le 1er février 1887, à une «Instruction relative au mode de transmission de la correspondance entre les blessés et les malades et leurs familles en temps de guerre.» Nous reproduisons ici ce document, d'après le journal autrichien Das rothe Kreuz.

La Société française de la Croix-Rouge vient de publier un fort bel album, que nous tenons à signaler à l'attention de nos lecteurs, car il peut leur être d'une grande utilité. On y trouve figurés, dans 36 grandes planches, tous les types de matériel d'ambulance que la Société a adoptés, à la suite d'études sérieuses, et qu'elle conserve dans ses dépòts.Ce sont des voitures de diverses sortes, des wagons pour trains sanitaires, plusieurs variétés de brancards, des, lits d'ambulance ou d'hôpital, des tentes, des boîtes et des trousses pour médecin, chirurgien et pharmacien, des membres artificiels, etc., etc. Tous ces dessins, cotés et teintés, ont été exécutés avec une grande précision et permettent de reproduire les modèles avec exactitude.

Les occasions dans lesquelles la Société de la Croix-Rouge des Etats-Unis aurait à déployer son activité seraient rares, si elle n'avait inscrit en tête de son programme le devoir de venir en aide à toutes les victimes de calamités publiques. Dans ce domaine si étendu de l'assistance en temps de paix, cette Société a déjà à son actif de nombreux services rendus; Dès qu'une catastrophe, une « calamité nationale, » comme le dit le titre de la Société, vient à éclater sur un point quelconque du territoire des Etats-Unis, la Société de la Croix-Rouge envoie immédiatement ses secours et ses délégués, parmi lesquels figure le plus souvent la présidente de la Société.

La Société bulgare de la Croix-Rouge venait à peine de se constituer, lorsqu'éclata inopinément la guerre avec la Serbie. Le Comité était encore occupé à créer des sections de province, à organiser le fonctionnement de la Société, à rassembler des ressources, que déjà le sang des soldats coulait sur les champs de bataille. Les événements se déroulèrent avec une telle rapidité que, deux jours après le commencement de la guerre, les convois de blessés arrivaient déja à Sofia. Aucun préparatif n'avait encore pu être fait pour les y recevoir, car leur arrivée était tout à fait inattendue et les préoccupations du moment avaient jeté le trouble et l'anxiété dans les esprits. Cependant, les premières victoires des Bulgares ne tardèrent pas à ramener le calme et la confiance, et l'on ne songea plus qu'à prodiguer des soins aux blessés.

M. E. Delorme, professeur de clinique chirurgicale et de blessures de guerre au Val-de-Grâce, vient de publier, à Paris, chez l'éditeur Félix Alcan, le premier volume d'un important traité de chirurgie de guerre.

La situation du Comité a continué à être satisfaisante. En 1887, grâce à l'adjonction d'un comité de dames, le nombre des sociétaires a augmenté d'une façon inespérée. Cette année, un contingent de 72 dames de Briare est déjà venu grossir le nombre des adhérents; 20 nouveaux membres se sont fait inscrire à Orléans; 23 dames d'Orléans et de Gien ont bien voulu s'associer à l'œuvre du Comité; 14 communes nouvelles ont voté des subventions. Le Comité compte 129 membres nouveaux. En revanche, 24 membres ont cessé de faire partie du Comité. Le total des membres adhérents s'éléve aujourd'hui à 1,204, chiffre que peu de comités, en France, ont atteint; 14 nouvelles communes ont donné leur adhésion en 1887 et 35 en 1888, ce qui porte leur nombre à 214.

Le Comité central de la Société bavaroise s'est efforcé, pendant l'exercice de 1886–1887, d'atteindre le double but que poursuit la Société. Il a, de nouveau, consacré des sommes importantes à venir en aide à des invalides et à leurs familles, et se prépare à accorder encore, dans ce but, des subsides à plusieurs Comités locaux. Toutefois, le Comité ne peut pas se dissimuler que les ressources de la Société exigent une prudente économie, et qu'il serait très désirable de pouvoir les ménager et les augmenter.

La Société française a, comme les années précédentes, signalé son activité dans deux directions: d'une part, en continuant à s'occuper des malades et des rapatriés du Tonkin, ainsi que des victimes de la guerre de 1870 et des guerres antérieures, et, d'autre part, en prenant des mesures d'organisation en vue des éventualités de l'avenir.

D'après les statuts de la Société hongroise, le Comité central est tenu de présenter, tous les trois ans, un rapport détaillé sur la marche de la Société, ainsi que sur l'activité des Comités locaux et des Associations filiales. Mais, les rapports d'un grand nombre de ces dernières n'ayant pas été prêts à temps, le- Comité a été forcé de renvoyer ce rapport triennal à l'année prochaine, et n'a compris, dans le rapport qu'il a présenté à l'Assemblée générale du 7 mai 1888, que l'exercice de 1887.

Une assistance nombreuse était réunie, le 18 novembre 1887, à l'Hôtel Continental, à Paris, pour entendre le compte rendu des travanx de l'Association des dames françaises. Les rapports des diverses commissions constatent que, dans tous les domaines dans lesquels se déploie l'activité de l'Association, des progrès notables ont été réalisés, et que, grâce au zèle et au dénouement des dames qui composent les commissions, l'Associalion rend déjà de grands services en temps de paix et se prépare sans relâche à remplir les devoirs qui lui incomberont en cas de guerre.

Le Comité de la Gironde s'est efforcé, pendant l'exercice 1886–1887, de recruter de nouveaux adhérents dans toules les classes de la population. Ses efforts ont été couronnés de succès; l'association départementale compte actuellement 430 sociétaires.

Au 30 avril 1888, le Comité départemental de la Gironde comptait 950 membres, dont 530 dames. Les femmes bordelaises de toute condition ont mis un touchant empressement à venir grossir ses rangs et lui ont apporté un généreux et précieux concours. Parmi les membres que la mort a enlevés aa Comité, le rapport du président accorde à la mémoire de M. Paul Duret une mention spéciale; il fut, en 1870, chargé de missions importantes à l'armée de la Loire et en Suisse, et s'en acquitta avec un grand dévouement; la paix conclue, il remplit les fonctions de secrétaire général du Comité, jusqu'à ce que la maladie lui eût imposé le repos.