Si la commémoration du Bicentenaire de la Révolution a fait couler beaucoup d'encre et dépenser beaucoup de salive, c'est un euphémisme de constater que les problèmes économiques, et, de manière plus restrictive, ceux qui intéressent le monde des campagnes, n'ont pas vraiment constitué une priorité. Certes, quelques fructueuses initiatives ont rappelé que ce segment de la recherche était loin d'être abandonné, mais il est patent qu'il souffre de deux handicaps importants : le primat accordé de façon croissante aux aspects politiques ou idéologiques de la Révolution ; le relatif déclin de l'intérêt porté aux questions d'histoire rurale dans leur ensemble. A cet égard, on pourra trouver hautement paradoxal que, au moment même où les outils informatiques se diffusent, les historiens délaissent un terrain qu'ils avaient abondamment labouré, tout au moins pour la période moderne, alors même qu'ils ne disposaient pas encore d'instruments performants. A croire, pour paraphraser Marx à l'envers, qu'ils ne se posent que les problèmes qu'ils ne peuvent pas résoudre.