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Bretagne et Danemark

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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M. Jean Chombart de Lauwe, qui s'était fait connaître par une étude agronomique comparative fort réussie de la Bretagne et de l'Aquitaine — dans laquelle la Bretagne tenait le beau rôle — nous donne, aujourd'hui, une nouvelle comparaison — la Bretagne et le Danemark — qui doit lui permettre de démontrer que, nonobstant, la Bretagne agricole n'a pas atteint le degré de prospérité auquel elle pouvait prétendre. A vrai dire ce second ouvrage nous séduit moins que le premier. L'auteur a tout fait pour nous convaincre que les facteurs pédologiques, climatiques, sociologiques sont les mêmes au Danemark qu'en Bretagne et, par conséquent, que c'est la faute des hommes seuls, de leur politique et de leur routine, si l'on constate une telle différence entre les deux pays. Or la base de sa démonstration est singulièrement fragile, et même, par endroits, franchement erronée.

Type
L'éventail des Annales
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1950

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References

page 104 note 1. Cf. Annales, 1948, II, p. 222.

page 104 note 2. Jean Chombart de Lauwe, Pour une agriculture organisée : Danemark et Bretagne. Préface d'A. Sauvy. Paris, Presses Universitaires, 1949, in-8°, 192 p.

page 106 note 1. Ni non plus de «l'existence d'une langue régionale », comme le laisserait croire l'auteur (p. 66). De bons esprits pensent au contraire, que, bien utilisé dans la pédagogie, le bilinguisme serait un excellent agent de développement intellectuel.

Post-scriptum. — Je prends connaissance, avant de l'envoyer à l'impression, du compte rendu d'André Meynier qu'on vient de lire. Avec un vif intérêt. Et je voudrais insister de mon côté sur ce que notre excellent collaborateur écrit en terminant.

J'étais, il y quelques mois, au Brésil, l'hôte d'un jour de l'Association des Géographes brésiliens qui me faisaient l'honneur de se rappeler qu'il y a bien longtemps, avec l'encouragement de Vidal de la Blache et sur les affectueuses instances de Jules Sion, je devins l'auteur de La Terre et VEvolution humaine. Dans le haut gratteciel qui l'abrite, et d'où l'on découvre un paysage qui explique si bien comment l'immense cité de Rio a pu se propager, pour ainsi dire, du littoral vers l'intérieur par une série de manœuvres enveloppantes menées autour des Morros avec une rare ténacité, je voyais au travail les équipes du vaste Institut de Géographie qui» — entretenu sans lésine par des fonds d'État, assuré de voir tomber dans ses caisses, chaque année, un pourcentage fixe des recettes budgétaires, capable ainsi d'avoir une politique suivie et de la mener à bien, doté d'ailleurs de locaux, de matériel, de personnel qui font commettre au visiteur français, à chaque pas, le péché d'envie, — travaille avec un zèle efficace à tirer de renseignements scientifiques de toute nature, les uns déjà publiés, les autres amassés au cours de recherches provoquées par l'Institut et qu'il convient de mettre en forme : tout ce qui peut intéresser pratiquement la climatologie, l'agriculture, l'hydraulique, l'industrie, le trafic aussi et les transports, et le développement des villes du « continent » brésilien. Quelle leçon pour nous ! D'autant plus saisissable que les méthodes, à l'origine, sont françaises. Que la formation de ceux qui ont mis sur pied l'entreprise est en partie française. Qu'encore aujourd'hui des Français collaborent à ce travail magnifique. Mais il y a eu, pendant les années de guerre, le coup de fouet américain — l'appel de la machine. Il y a l'audace brésilienne, sa faculté de voir grand, et d'aller de l'avant. 11 y a ce sentiment, enfin, que tout ce qu'est à créer dans cet immense pays pour qu'il devienne, demain, un des trois ou quatre pays les plus prospères du monde, ne peut être fait que scientifiquement, et sous la conduite, sous l'impulsion d'un chef de chantier, d'un fabricant de synthèse, d'un maître d'oeuvre qui s'appelle le Géographe.

Ainsi, comme toujours, nous avons donné l'élan. Et puis, nous avons laissé aller. Au Brésil, et ailleurs, on a prolongé — patiemment, intelligemment — notre action. En France... on n'a rien prolongé du tout. Ni les crédits, certes, ni l'équipement, ni la mise au net utilitaire des recherches. Je dis bien « utilitaire ». Sans fausse honte. Sans respect humain. Et je suis heureux de me trouver d'accord sur ce point avec un esprit aussi solide, aussi fermement judicieux que celui d'André Meynier.