L’instabilité émotionnelle est fréquente à l’adolescence et peut parfois être considérée comme un trouble de l’humeur subsyndromique. Or, les tableaux subsyndromiques de manie ou de dépression à l’adolescence évoluent souvent vers des troubles de l’humeur. Nous avons recherché, chez des adolescents « subsyndromiques », s’il existait des modifications cérébrales voisines de celles retrouvées dans les troubles de l’humeur avérés. Les participants étaient tous issus de la cohorte IMAGEN qui a rassemblé des données de plus de 2000 adolescents européens scolarisés en classes de 4e et 3e. Ils avaient été examinés en imagerie cérébrale anatomique (IRM T1 et de diffusion) et évalués par un entretien diagnostique informatisé permettant l’évaluation d’éventuels symptômes. Une première étude a comparé la microstructure de la substance blanche et le volume de substance grise chez des participants présentant des symptômes bipolaires maniaques subsyndromiques comparés à des adolescents pris comme témoins. Une deuxième étude a été menée chez des adolescents ayant des symptômes subsyndromiques de dépression. L’analyse des images a mis en évidence chez les adolescents à bipolarité subsyndromique des variations de la microstructure de la substance blanche dans plusieurs faisceaux en cours de maturation, et un moindre volume de substance grise dans des régions du cerveau contribuant à la régulation émotionnelle. Chez les adolescents « subdéprimés », des modifications étaient également présentes dans le réseau fronto-striatal. Pour la première fois, des modifications de la structure cérébrale de régions impliquées dans les troubles de l’humeur ont été mises en évidence chez des adolescents scolarisés ayant des symptômes subsyndromiques. Ces résultats suggèrent des particularités de maturation cérébrale à l’adolescence qui pourraient entraîner une vulnérabilité aux troubles de l’humeur.