Cet article a pour point de départ la querelle épistémologique survenue entre Anthony D. Smith et Jon E. Fox et Cynthia Miller-Idriss concernant les différentes approches du champ d’études du nationalisme. Alors que Fox et Miller-Idriss rejettent la pertinence d'une approche sociohistorique dans l’étude ethnographique du nationalisme, Smith considère l'ethnographie comme une pratique descriptiviste dénuée d'intérêt scientifique qui, de surcroit, fait abstraction des recherches sur la nation conduite au cours des dernières décennies. Afin de dénouer cette impasse, nous proposons une démarche méthodologique visant à concilier ces deux approches par l'entremise du concept de lieu de mémoire. À partir d'une étude de cas, la bataille des Éperons d'or et sa résonance dans les pratiques discursives, nous illustrons comment l'historicité du fait national peut s'avérer essentielle pour comprendre le fonctionnement de la nation au quotidien et nous éclairer sur la manière dont les Flamands se construisent en tant que sujets nationaux.