La valeur explicative d'une théorie scientifique repose non seulement sur la quantité des éléments primitifs adoptés (principe de simplicité), mais aussi sur la qualité de ces éléments. En linguistique, les propriétés des substances perceptuelles et conceptuelles des signes offrent une base explicative solide parce qu'elles sont logiquement antérieures à l'objet qui est à l’étude. Ceci est particulièrement important parce que le langage est un phénomène neurologique, voire biologique. Moins les éléments d'une théorie linguistique sont spécifiques au domaine langagier, plus ils sont susceptibles d'avoir la granularité nécessaire pour être biologiquement plausibles (Poeppel et Embick 2005).
Cette perspective est celle qui guide mes travaux depuis des décennies. Je l'illustre par l'analyse de plusieurs constructions maintenant classiques dans les études en syntaxe, pour donner une vision globale des conséquences de cette approche. Cette approche méthodologique renouvelle la notion d'adéquation explicative et répond à des questions laissées en suspens dans l'argumentation linguistique des six dernières décennies.