Cette étude s’intéresse au discours des juges du Tribunal administratif du travail du Québec en matière de harcèlement sexuel à partir d’un échantillon de 12 décisions rendues entre 2014 et 2017. Dans la moitié des décisions analysées, les motifs du juge reposent sur une logique binaire. Des binômes (femmes/hommes; subjectivité/objectivité; émotionnalité/rationalité, etc.) se glissent dans l’appréciation de la preuve, perpétuant des mythes qui banalisent le harcèlement sexuel. Une logique binaire est généralement associée au rejet de la réclamation. En revanche, dans l’autre moitié des décisions, les motifs du juge prennent en compte le contexte ainsi que la complexité du harcèlement sexuel. Nos résultats illustrent comment le discours des juges sert soit à perpétuer, soit à remettre en question les stéréotypes négatifs relatifs au harcèlement sexuel des femmes au travail, et ce, dans un cadre juridique identique.