Introduction. Au Bénin, le régime alimentaire des populations est déficient en vitamines et minéraux; la consommation de fruits et légumes pourrait constituer un moyen efficace pour éviter les carences nutritionnelles et prévenir les maladies chroniques. Dans un tel contexte, il importait d’étudier le volume de consommation des fruits et légumes au Bénin et d’évaluer les liens existant entre leur disponibilité, leur prix et leur acquisition par les ménages. Nous nous sommes intéressés à l’autoconsommation des fruits produits dans une région du Bénin, le plateau d’Allada. Matériel et méthodes. Les différentes espèces fruitières cultivées sur le plateau d’Allada ont été identifiées. Leur disponibilité a été évaluée et mise en relation avec leur consommation en s’appuyant sur une enquête régionale portant sur un échantillon de 120 chefs d’exploitation agricole répartis sur quatre communes de la région. Résultats. L’autoconsommation nette des fruits cultivés localement par chacun des ménages producteurs a été évaluée à 31,6 kg par an. Parmi les 15 espèces fruitières recensées, les plus consommées se sont révélées être la mangue (13,3 kg par personne et par an, 42 %), la banane (7,6 kg par personne et par an, 18 %), l’orange (8 %) et l’avocat (7 %). Aucune corrélation significative n’a été établie entre la consommation et la production des fruits. En revanche, une très forte corrélation a été mise en évidence entre la production et la quantité de fruits commercialisée, et une corrélation négative significative a été trouvée entre la quantité de fruits produits et leur prix de vente. Le bilan entre production et consommation a fait apparaître une marge positive pour l’orange, l’ananas, le tangelo et la papaye, ce qui signifie que ces productions sont avant tout marchandes; seule une part résiduelle de ces récoltes est réservée à l’autoconsommation. La plus grande partie des autres productions fruitières consommées par les ménages du plateau d’Allada doivent être importée. Discussion. Sur le plateau d’Allada, malgré une forte production de certains fruits, leur consommation par les ménages agricoles est faible et peu diversifiée par rapport à leur disponibilité et se situe bien en deçà des normes recommandées par l’OMS. Il sera nécessaire de mieux étudier les déterminants d’une telle distorsion pour mieux guider les politiques publiques, ainsi que les choix des producteurs et des consommateurs, afin d’assurer un meilleur régime alimentaire aux populations locales.