Apparus en France aux alentours de 2008, les NPS constituent un ensemble hétérogène de substances, potentiellement infini. À leur arrivée sur le marché, la plupart sont sans statut juridique, de dangerosité inconnue et difficilement repérables toxicologiquement. La discrétion des transactions par Internet accroît les difficultés pour mesurer leur diffusion.
MéthodeL’évolution du phénomène est observée en croisant plusieurs approches : dispositifs de surveillance sur les phénomènes émergents (TREND) ou les produits nouveaux ou dangereux (SINTES) ; outils de veille sur Internet développés dans le cadre du projet I-Trend (analyse de l’offre et des discours sur les forums, enquête en ligne) ; plus récemment, premières données valides en population générale (baromètre santé).
RésultatsL’identification de nouvelles molécules se stabilise en France autour de 3 par mois mais s’accélère au plan européen (101 en 2014). Les cannabinoïdes restent majoritaires mais les familles chimiques se diversifient. Les sites de vente se rendent de plus en plus accessibles et sécurisants pour les acheteurs tout en développant des accès vers des espaces plus discrets (deep-web). Les substances observées sur le marché « physique » demeurent peu nombreuses même si leur accessibilité progresse en espace festif. La consommation se développe selon une cinétique plus lente que l’offre, presque uniquement parmi les personnes déjà usagers de drogues. En 2014, 4 % des 18–34 ans auraient consommé un cannabinoïde synthétique. L’offre demeure d’une complexité extrême pour la majeure partie des usagers et la méconnaissance des produits et des risques s’accroît lorsqu’on s’éloigne du noyau des usagers « psychonautes ». Hors milieu festif, l’usage a émergé parmi certains « anciens » héroïnomanes insérés.
ConclusionLe phénomène « NPS » accélère la mutation du champ vers des usages de plus atomisés, laissant les usagers plus isolés face à la pression d’une offre de plus en plus complexe.