L’introduction d’un système multiaxial de cotation diagnostique était, avec l’adoption d’une approche athéorique et le recours à des critères opérationnels pour définir chaque trouble mental, l’une des innovations majeures de la troisième édition du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, publié en 1980 par l’Association psychiatrique américaine [1]. Le système multiaxial était censé incarner un « changement de paradigme » [5] dans la conception du diagnostic psychiatrique : en obligeant le clinicien à prendre en compte l’ensemble des éléments du tableau clinique, pas seulement les aspects les plus médicaux, mais aussi les facteurs psychologiques et sociaux, l’ambition du système multiaxial était d’assouplir la rigidité du modèle médical et de rectifier sa myopie quelque peu biologique. Très vite cependant, le système multiaxial montra ses limites : les facteurs de stress psychosociaux (Axes IV et V), pour des raisons de confidentialité, ne pouvaient pas faire partie du diagnostic officiel [3]. Surtout, l’articulation entre syndromes cliniques de l’Axe I et troubles de la personnalité diagnostiqués sur l’Axe II devint de plus en plus problématique : non seulement il était mesuré une importante co-occurrence des troubles mentaux à l’intérieur de chaque axe, mais la co-occurrence entre troubles de l’Axe I et ceux de l’Axe II était si massive que la question s’est posée de savoir s’il fallait y voir là une véritable « comorbidité » ou plutôt la faillite d’un système mal conçu car trop redondant [4]. Le DSM-5, paru en mai 2013, a adopté une solution radicale pour mettre fin aux embarras du système multiaxial : il a tout simplement été supprimé [2]. Dans cette présentation, il s’agira d’interroger les raisons pratiques, mais aussi profondément théoriques, qui ont amené les auteurs du DSM-5 à réorganiser en profondeur la structure de la classification.