Introduction. Les aires protégées représentent un immense réservoir de ressources
biologiques dont dépendent fortement les populations riveraines. La non-prise en compte
des savoirs locaux constitue souvent un frein aux politiques de conservation et
d’utilisation durable de la biodiversité dans ces aires. La réserve de Pama, située en
zone soudanienne au sud-est du Burkina Faso, est un bon exemple de la divergence existant
entre les besoins d’autosubsistance des populations riveraines et la nécessité de
conserver la biodiversité. L’évaluation de l’importance socio-économique de cette réserve
pour les populations riveraines pourrait permettre de mieux adapter la stratégie de
gestion des ressources naturelles. Matériel et méthodes. Des enquêtes
ethnobotaniques ont été menées en se basant sur des interviews individuelles. Les
informations obtenues à partir de l’interrogation de 30 personnes ressources ont permis
(1) de recenser les différentes utilisations faites de la réserve par les populations
locales ainsi que l’impact de ces utilisations sur la flore et (2) d’évaluer la perception
des villageois sur la façon de gérer les ressources de leur forêt. Résultats.
Un total de 58 espèces végétales de la réserve, soit plus de 15 % de la flore locale,
fournissent diverses ressources aux populations riveraines, dont du matériel de
construction (90 % de réponses), des plantes médicinales (73,33 %), des plantes
alimentaires (73,33 %), etc. Les espèces végétales les plus sollicitées se sont révélées
être entre autres Vitellaria paradoxa (80 %), Parkia biglobosa
(66,67 %), Diospyros mespiliformis (33,33 %), Gardenia
erubescens (33,33 %), Lannea microcarpa (33,33 %),
Tamarindus indica (33,33 %), Andropogon gayanus (26,67
%) et A. chinensis (26,67 %) Certaines de ces espèces se sont révélées de
plus en plus rares du fait de la dégradation des conditions climatiques, de l’exploitation
abusive de bois vert et de l’appauvrissement des sols. Conclusion. L’étude
que nous avons menée sur la réserve de Pama nous conduit à préconiser un renforcement des
mesures de protection de l’environnement par l’implication des populations riveraines. Par
ailleurs, la plantation en champ d’espèces utiles en voie de raréfaction serait une action
apte à limiter la pression d’exploitation sur la réserve