La question de l’existence de substrats cérébraux spécifiques à la musique n’est pas nouvelle. En neurologie, à la fin du 19e siècle, les premières observations de dissociations cliniques montrant des patients aphasiques sans trouble amusiques ou l’inverse, ont appuyé initialement l’idée de régions cérébrales dédiées spécifiquement à la fonction musicale. Cependant la généralisation de ses observations à la population générale restait difficile.
Près d’un siècle plus tard, l’émergence des techniques de neuroimagerie a permis de reprendre cette question est de montrer le chemin emprunté par des stimulations musicales dans le cerveau. Tout d’abord c’est la question de l’autonomie entre langage et musique qui a suscité le plus d’études, bien qu’encore rares dans les années 1990. Plus récemment l’intérêt des neurosciences pour la musique s’est vu décuplé par la question de la neuroplasticité. Effectivement, l’apprentissage musical est un formidable modèle afin de comprendre les phénomènes de plasticité cérébrale, tant fonctionnelles (l’activité se modifie avec la pratique) que structurales (épaisseur corticale et densité des fibres de connectivité). Cependant, il n’y a pas que la pratique de la musique qui change le cerveau, l’écoute seule a déjà des effets neuroplastiques avérés, dont l’observation peut être également faite à partir de modèles animaux. Mieux comprendre et quantifier ces phénomènes permettent de donner une assise plus objective à l’intérêt indéniable des pratiques cliniques de prises en soin des patients par la musique.