Au-delà des symptômes qui les caractérisent, les troubles mentaux sont associés à une diminution de l’espérance de vie pouvant aller jusqu’à 25 ans chez les patients atteints de schizophrénie. Contrairement à une croyance répandue, cette surmortalité n’est que partiellement expliquée par un risque accru de suicides et d’accidents, mais relève essentiellement de causes somatiques. Au premier plan de ces causes figurent les maladies cardiovasculaires mais les patients atteints de troubles mentaux présentent également une surmortalité liée à d’autres causes telles que les maladies respiratoires, les maladies infectieuses et les cancers. Cette surmortalité de cause naturelle s’explique en partie par des comportements de santé à risque (consommation de tabac, sédentarité, etc.), voire par des voies biologiques directes (par ex. hyper-activation du système nerveux autonome). Il est cependant vraisemblable que ces patients souffrent d’une véritable perte de chances en matière de soins somatiques, non seulement en raison d’un moindre accès aux soins mais également en raison de soins de moindre qualité : négligence de points d’appel somatiques, moindre recours au dépistage, retard au diagnostic des cancers, traitement insuffisant de la maladie coronarienne, etc. Les causes de cette perte de chances sont liées au patient lui-même et notamment au handicap psychique associé aux troubles mentaux, mais également à la représentation de ces troubles chez les professionnels de santé et à l’organisation du système de soins, notamment au cloisonnement persistant entre soins psychiatriques et soins somatiques.