La mémoire, encensée comme une vertu cardinale, n’a été appréhendée que dans ses troubles dans notre langage habituel. De l’enfance, où il n’est question que d’apprendre si possible par cœur, à la vieillesse où il n’est question que d’oublier pour plutôt de ne pas « imprimer », jamais on ne se pose la question des risques que fait courir à la vie psychique, à l’imagination et à la créativité, les répétitions que l’on s’impose ou que l’on impose sous forme de rituels plus ou moins intégrés. Jamais on ne se pose la question, qu’il est souvent indispensable et obligatoire d’oublier pour exister.

L’auteur s’interroge sur la notion de devoir de mémoire et sur la place du pardon dans l’oubli, notamment à travers l’œuvre du philosophe Paul Ricoeur. Une des principales fonctions de la mémoire consiste à lutter contre l’oubli, et de là, l’idée de devoir de mémoire renvoie, en fait, à celle d’un « devoir de ne pas oublier ».

Le rôle de l’oubli dans l’équilibre instable de la vie psychique et dans la construction des souvenirs individuels et collectifs apparaît essentiel. Le travail clinique s’organise tout autant sur les réminiscences qui font souffrir, le temps figé des traumatismes que sur l’amnésie. La question qui se pose alors d’un point de vue aussi bien neuroscientifique, psychanalytique que philosophique est de l’oubli nécessaire pour exister.