Les écrits du phénoménologue Adolfo Fernandez Zoïla comme les écrits du poète et commentateur d’art Yves Bonnefoy (en particulier à propos des peintures noires de Goya) donnent l’occasion d’illustrer et de revenir sur la conception du langage chez H. Ey (1900–1977) telle qu’il la développe dans ses Études psychiatriques en particulier à propos de la psychose, son Traité des Hallucinations et surtout dans son ouvrage « La conscience (Étude phénoménologique de l’être et du devenir conscient) ». Il s’agit d’une conception de l’être en couches hiérarchisées, une architechtonie, qui s’ancre dans le « sentir » infraverbal le plus essentiel de lui-même, s’incarne dans le corps, passe par les images représentatives du monde intérieur, jusqu’à remonter aux organisations langagières très élaborées du monde social dans lequel le Sujet trouve l’ordre dont il dépend et par lequel il va pouvoir être reconnu et aussi se reconnaître pour adopter enfin sa propre voie définissant ainsi sa personne. On comprendra donc que pour Ey, le langage soit le « milieu de l’être conscient » en tant que le langage est pour Ey la structuration même de l’être. De même pour Ey, c’est le langage qui structurera en retour son inconscient pulsionnel. De cette place centrale du langage dans le « corps psychique » procède pour lui le fondement de toute psychothérapie qu’elle soit existentielle ou psychanalytique.