Lieu de soin œuvrant à la réhabilitation et au rétablissement, l’hôpital accueille l’hôte (hostis, étranger) en tant qu’institution mentale, selon « une théorie qui sous-tend et justifie ce qui y est fait, sa pratique », soit ses modalités de mise au jour des possibilités d’émergence d’un Sujet soumis à la confrontation entre équipe soignante et proches ou aidants, entre dimension médicale et ordre de l’intime, entre actes techniques et attitudes spontanées, entre culture et nature [1]. L’enjeu de la compétition est moins le pouvoir ou le prestige que l’identité du groupe et de chacun : il y va de la définition de ce qu’est un Sujet, la subjectivité, non plus substance comme Moi, Personnalité, mais plutôt identité, proportion entre l’identique, le même (le rôle) la permanence de l’objet, et l’unique, l’unité, (le Je, le Soi) la promesse de la parole tenue. Il s’agit de cette fragile capacité de constituer un moi, soit d’assumer une distance, un creux, tout en restant un Sujet [2]. L’hospitalisation, refuge assurant « le gîte et le couvert », entre cohabitation et départ du projet de rétablissement, au-delà de ses ressources techniques assez fournies, engage dans sa manière de s’occuper du patient un principe relevant d’une maïeutique du Sujet, dépassant les approches par symptômes, comportement ou personnalité pour accéder à la personne, à l’identité, avec pour préoccupation la visée du possible. Le soin doit alors garantir un savant dosage entre deux modes d’assistance, l’un « substitutif–dominateur » qui répond à l’intérêt technique–instrumental d’un souci empirique de maîtrise, et l’autre, à l’opposé, « devançant–libérateur » dont le projet est communicatif pour un acte intersubjectif de dévoilement. Soigner en psychiatrie, c’est préserver un champ minimal de liberté pour ce qui est Sujet ou possibilité de Sujet et prendre conscience de la fragilité de la subjectivité humaine, à la fois obstacle redoutable et ressource essentielle, condition première d’une alliance authentique.