L’impact des déterminants sociaux sur la santé mentale et la participation des patients à leur traitement constituent les pierres d’angle de la psychiatrie sociale. Cette approche humaniste repose sur la possibilité de poser un regard élargi sur la maladie mentale et les éléments qui conditionnent son émergence ainsi que ses possibilités de traitement. Ce regard élargi demande du professionnel du soin, d’une part, qu’il se décentre d’une lecture strictement médicale des situations qu’il traite, et d’autre part, qu’il apprenne à travailler avec des professionnels de formations diverses (psychologie, travail social, médiation, éducation) afin de pouvoir mettre en place un accompagnement global et cohérent pour le malade. Cette réflexion sur l’intérêt d’une prise en charge pluridisciplinaire, découlant en partie d’une expérience clinique avec des publics en précarité sociale ou fragilisés par l’expérience de la migration ou de l’exil, contribue à enrichir la vision d’une psychiatrie sociale non-aliénante et non-stigmatisante, adaptée pour tout un chacun, quels que soient sa trajectoire personnelle et son environnement socioculturel. L’auteure illustrera ses propos à l’appui d’une situation clinique.