Si certain auteurs [1,2] ont tenté ces dernières années de clarifier la question de la définition d’un excès cybersexuel, quelques articles récents [3] exposant des études et des recherches concernant l’usage d’Internet à des fins sexuelles, se référent à des expressions telles que « compulsion », « visionnage pornographique problématique » ou « addiction ». Il reste difficile de dégager un consensus quant à l’existence ou non d’une addiction sexuelle via Internet. Par contre, un changement de paradigme scientifique semble s’affirmer en ce que plusieurs articles nouveaux [4] revendiquent l’intérêt de la prise en compte de notre fonctionnement neurobiologique, avec l’idée sous-jacente que la surconsommation de substances ou un excès comportemental peuvent avoir des effets similaires sur le circuit cérébral de la récompense. Sur la base de notre expérience clinique, nous décrirons certaines caractéristiques sociodémographiques, certains aspects de l’usage et certains traits cliniques d’un échantillon de cyberusagers sexuels. La majorité d’entre eux se plaint d’un usage problématique plus ou moins sévère. Une minorité nous apparaît relever d’une pathologie addictive. S’il est vrai que dans la plupart des cas, Internet joue comme amplificateur d’une dépendance sexuelle antérieure dans la réalité, dans une moindre part, une cyber-dépendance sexuelle primaire peut se présenter. À l’heure actuelle, ce dernier phénomène nous semble pouvoir être lié en partie à une spécificité des stimulations en images sur notre fonctionnement cérébral et en partie à une stratégie particulière de gestion émotionnelle de vécus traumatiques. L’accompagnement des patients a probablement à tenir compte de cette disparité.