Depuis le meurtre de ses deux enfants par Médée jusqu’à la société actuelle, l’infanticide est le meurtre d’enfants le plus difficile à comprendre. Il brise ainsi le tabou de la maternité épanouie et protectrice, et illustre toute la complexité du lien mère-enfant. Les questions suscitées par un tel acte sont de divers ordres interrogeant non seulement la psychiatrie mais également la justice, la sociologie et l’anthropologie. Après avoir évoqué certains aspects terminologiques avec la distinction entre filicide, néonaticide, libéricide, nous proposons d’aborder les caractéristiques cliniques psychopathologiques et criminologiques de ces mères meurtrières et la dynamique du passage à l’acte, en différentiant la pratique clinique psychiatrique de l’expérience expertale judiciaire.