Le lithium reste le « gold standard » du traitement prophylactique dans les troubles bipolaires. En moyenne, chez 80 % des patients bipolaires traités par lithium, celui-ci a un effet préventif à long terme permettant une réduction du nombre d’épisodes thymiques, avec une réponse complète dans 30 à 60 % des cas. Toutefois, 20 % des patients sont non répondeurs et chez 30 à 50 % des patients la réponse n’est que partielle [1]. Dans les études antérieures, certaines variables ont été identifiées comme de possibles facteurs prédictifs d’une bonne réponse prophylactique au lithium : une bonne réponse initiale au traitement en aigu, une séquence manie-dépression intervalle libre, des antécédents familiaux de troubles bipolaires répondeurs au lithium, une apparition tardive de la maladie. À l’inverse, une comorbidité psychiatrique comme les troubles addictifs ou de la personnalité, une séquence dépression-manie-intervalle libre et la présence de cycles rapides représenteraient de potentiels facteurs de risque d’une mauvaise réponse 2,3. Cependant, en raison de l’absence de consensus sur la définition de la réponse prophylactique au lithium, les données de la littérature sont parfois contradictoires. Ainsi, malgré les nombreuses études antérieures, il n’existe toujours aucun marqueur prédictif unanime de la réponse au lithium. L’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs cliniques associés à la réponse prophylactique au lithium, évaluée par le questionnaire d’ALDA [4], dans une population de 227 patients traités par lithium pendant plusieurs années. Nos résultats montrent que le sous-type bipolaire de type I, une histoire d’épisodes mixtes ou saisonnier, la rémission incomplète après un épisode, les antécédents de traumatisme dans l’enfance et la comorbidité avec un trouble addictif sont associés à mauvaise réponse au lithium dans les troubles bipolaires. les patients présentant ces caractéristiques pourraient bénéficier d’un autre traitement prophylactique en monothérapie ; une association avec le lithium pourrait être discutée dans certains cas.