Les adoptions internationales mettent sur le devant de la scène la question de l’altérité de l’enfant. L’enfant adopté en international vient d’ailleurs et le regard sociétal peut assimiler la différence d’apparence physique et les appartenances culturelles. L’inscription dans la filiation, le respect de l’histoire de l’enfant et l’élaboration de la question de la différence sont au cœur de la problématique que nous déposent les familles, rencontrées à la consultation adoption de la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin. Après avoir précisé les débats et différences de points de vue de part et d’autre de l’Atlantique autour de la question de l’identité culturelle des enfants adoptés, nous présenterons les résultats de notre recherche explorant les liens que les parents adoptants gardent ou non avec le pays de naissance de leur enfant et sa culture. Soixante-six entretiens semi-structurés ont été menés auprès de parents ayant adopté dans un autre pays que la France. Une analyse qualitative phénoménologique des entretiens a permis de dégager trois positions parentales : le premier groupe correspond à des parents qui ne gardent aucun lien avec le pays de naissance de leur enfant. Ils refusent la multiplicité des appartenances culturelles de l’enfant. Le second groupe est constitué de parents qui gardent de façon active et régulière des liens avec le pays de naissance de l’enfant et sa culture. Ils revendiquent le fait d’être une famille multiculturelle. Enfin le troisième groupe rassemble les parents qui adaptent les liens au pays de naissance et sa culture aux questionnements et intérêts de l’enfant. Ils acceptent la multiplicité des sentiments d’appartenance culturelle de leur enfant. La place qu’occupe pour les parents la culture de naissance de leur enfant sera discutée. Est-ce un déplacement de la question de l’origine de l’enfant ? De son altérité irréductible ?