Les équipes mobiles sont conçues pour permettre l’accès aux soins pour des patients dont le besoin est repéré mais qui sont, pour différentes raisons, dans l’impossibilité de faire spontanément la démarche. Dans l’aller-vers hors-les-murs, le paradigme de l’accès est renversé et redéfini en s’appuyant sur un travail initial avec la « non-demande ». La mobilité est alors conçue comme une autre forme de disponibilité engendrant ; pour ses acteurs, de nouvelles postures cliniques et la découverte d’autres formations sémiologiques (sémiologies de la rue, du domicile…) ; pour les partenaires, en première ligne dans le réseau, le renforcement de leur capacité à se saisir de la question psychique dans son repérage et son accompagnement ; pour tous, des espaces de soins et prendre-soin partagés qui permettent de nourrir une éthique de la responsabilité envers les problèmes de ceux qui, parce que ça nous regarde, nous engagent. Après plusieurs années d’appropriation de ce travail en équipe mobile, c’est un deuxième paradigme qui change : l’hospitalisation devient une alternative aux soins ambulatoires qui s’intensifient et se modulent. Toutes les équipes mobiles constatent rapidement ces effets sur l’augmentation de l’accès aux soins ambulatoires et l’amélioration de la précocité de cet accès, la diminution du recours à l’hospitalisation et de la durée des séjours. Ces constats agissent secondairement de manières profondes sur les représentations des équipes soignantes elles-mêmes de leur propre travail et partant repoussement les limites des messages porteurs à destination des patients, des familles et des partenaires. Dans certains territoires ont pu aussi être observés des bénéfices en matière de prévention des passages à l’acte et des crises, une diminution de la fréquentation des services d’urgences et des suicides.