A Ia suite de ses trois grandes Critiques, Kant a publié, en 1793, La religion dans les limites de Ia simple raison. Ce livre commence par l'affirmation d'un principe mauvais au plus profond de l'homme, d'un “mal radical” qui est le fait de notre moi intelligible lui-même et qui permet à l'auteur d'accuser l'humanitē tout entière. Le péché originel dans une philosophie rationaliste, voilà qui ne va pas de soi. Goethe écrivait déjà: “Kant, après avoir consacré une longue vie d'homme à nettoyer son manteau philosophique de bien des préjugés malpropres, l'a ignominieusement souillé avec Ia tache infamante du mal radical pour engager les chrétiens aussi à en baiser l'ourlet”. Sans chercher des mobiles aussi bas, on peut s'étonner en effet que l'homme de Kant, l'homme sujet transcendantal et volonté autonome, soit aussi l'homme coupable, le pauvre pécheur de Ia théologie chrétienne.