RÉSUMÉ. Fondées sur l'échange de captifs africains contre l'argent du Potosi, les transactions entre les ports africains, brésiliens et rioplatenses inscrivent l'Atlantique sud au coeur de l'économie du monde. Les vents et les courants circulaires de « l'océan éthiopique » favorisent l'émergence du moteur de l'économie de l'Atlantique sud, la traite bilatérale, la plus courte en distance, entre les ports brésiliens (Recife, Bahia, Buenos Aires) et les ports africains (Luanda), qui assure 43 % de la traite atlantique entre 1550 et 1850.
ABSTRACT. Based on the trading of African captives for Potosi silver, the transactions between African, Brazilian, and Rioplatense ports placed the South Atlantic at the centre of the world economy. The circling winds and currents of the ‘Ethiopian Ocean’ helped in promoting an emergent South Atlantic economic force and the bilateral slave trade, the shortest in distance, between the Brazilian (Recife, Bahia, and Buenos Aires) and African (Luanda) ports that counted for 43% of the Atlantic trade between 1550 and 1850.
La navigation intercontinentale dans l'Atlantique sud s'initia avec les voyages de Bartolomé Dias, sur des caravelles de voile latine, au cap de Bonne-Espérance (1488), et de Vasco de Gama aux Indes (1498), sur des nefs déjà pourvues de voiles carrées. A la suite de la découverte de la côte sud-américaine par l'amiral Cabral, en 1500, lors du second voyage vers l'Inde, les vents d'ouest de l'anticyclone de Sainte Hélène mènent, pour la première fois, des vaisseaux à la traversée latitudinale de l'Atlantique sud.
L'établissement à Bahia du gouvernement portugais du Brésil, en 1549, offre une escale de secours à Salvador de Bahia pour les voyages de Lisbonne à Goa par voie du Cap, la carreira da Índia. Artère commerciale et stratégique de l'outre-mer portugais, cette route était sillonnée par des vaisseaux de grand port, jaugeant plus de 400 tonneaux – les naus, les urcas et les carracas – généralement dénommés galions lorsqu'ils étaient artillés. Reste que la flotte marchande portugaise demeure assez hétérogène. Plus aptes que les naus à échapper aux corsaires musulmans ou hollandais, les caravelles continuèrent d'être utilisées par les marchands de Lisbonne jusqu'à la fin du XVIIe siècle.