«Il en est des arrêts de justice comme des personnages de théatre ou de romans: dès leur éclosion, ils rompent tous liens avec l'auteur de leurs jours … Ils ont une vie propre, une logique propre, un dynamisme propre. Nos arrêts suivent une courbe parallèle: dès leur prononcé, ils nous échappent, ils ne nous appartiennent plus, et quelques fois même, nous avons peine à les retrouver.»
La fortune considérable que venait de connaître l'arrêt Rivière de la Cour de cassation française, du 17 avril 1953, qui, pour la première fois, admettait qu'une matière de statut personnel — le divorce d'époux de nationalités différentes — puisse être soumise à la loi du domicile, l'extension que la doctrine se proposait déjà de lui donner, justifiaient ces remarques pittoresques de l'Avocat général près de la Cour suprême, M. André Gavalda, lors de sa communication du 26 février 1954 au Comité français de droit international privé. La suite de l'évolution montra, cependant, qu'au lieu de se laisser dépasser par son arrêt, la Cour de cassation allait construire de la manière la plus rigoureuse, la plus logique, la plus dynamique, un système si complet que la doctrine, habituée à plus de libertés dans une discipline où les textes font défaut, semble être réduite désormais à l'exégèse.